Lilou Ballin, de la gym au plongeon à la géologie

Ancienne gymnaste du pôle de Dijon reconvertie ensuite dans le plongeon, Lilou Ballin vient de mettre un terme à sa carrière de sportive de haut-niveau à tout juste 18 ans. Pour Spot Gym, elle revient sur son parcours, les raisons de ses arrêts dans les deux disciplines et évoque l’avenir avec ses nouveaux projets.

Spot Gym : Lilou, quelques jours après avoir participé aux championnats d’Europe junior, tu as annoncé sur ton compte Instagram arrêter le plongeon et le sport de haut-niveau, qu’est-ce qui a motivé cette décision ? 
Lilou Ballin : Je ne vais pas mentir, c’est un peu compliqué. Il y a plusieurs raisons qui font que j’ai décidé de mettre un terme à ma carrière. Cette année a été très difficile pour moi. Je me suis blessée au coude en mars et quand j’ai repris on m’a immédiatement fixé des objectifs de résultats avec notamment une qualification pour les championnats d’Europe à aller chercher. Il me restait moins de trois semaines pour revenir, me remettre en forme et être prête pour les championnats de France, compétition qualificative pour les Europes, donc ça a été une période très compliquée avec un défi très dur à relever. Mais j’ai réussi à relever ce pari et à me qualifier en synchro et à 3 mètres en individuel et j’en suis très fière. Ensuite, l’ambiance au sein du groupe s’était beaucoup dégradée ce qui a fait que moralement ça n’allait plus.

Des tensions existaient au sein du groupe ? 
Oui. Déjà, la première année où je suis arrivée, j’avais eu du mal à m’intégrer dans le groupe car j’étais la plus jeune. J’avais 15 ans, les autres avaient tous au moins 18 ans, voir même plus de 20 ans, donc l’intégration n’a pas été évidente. La deuxième année s’est bien passée, je m’étais bien intégrée et on était vraiment tous ensemble. Mais cette année, ça a été très compliqué avec deux plongeuses du groupe. On ne se parlait plus, je ne savais pas exactement pourquoi d’ailleurs, je me prenais beaucoup de réflexion et ça a commencé à être très difficile pour moi. Moralement, j’étais au plus bas, l’ambiance me pesait trop. Ensuite il y a eu ma blessure, les objectifs à réaliser dans un laps de temps très réduit, le bac et les révisions, et ça a été un trop plein. Ce tout là a fait que j’ai pris la décision d’arrêter car je n’en pouvais plus. Heureusement, Maïssam, mon entraîneur, a été un vrai soutien pour moi. Elle a essayé d’apaiser les tensions mais ça n’a pas fonctionné. Ça continuait même de se dégrader donc ce n’était plus tenable pour moi.

Tu as évoqué ta blessure, une entorse au coude, comment t’es-tu blessée ? 
J’ai toujours eu une fragilité au niveau des coudes car je m’étais blessée plusieurs fois quand je faisais de la gym. Au plongeon, quand je faisais du 10 mètres et du fait de la fragilité de mon coude, mon triceps ne tenait plus avec l’impact de l’eau et je ne pouvais plus garder mes coudes tendus. Un jour je suis mal rentrée dans l’eau et mon coude s’est tordu. C’était le 28 mars de cette année.

Tu viens d’expliquer les différentes raisons de ton arrêt, ce choix n’a pas été trop difficile à prendre ? 
Si car je ne voulais pas arrêter le plongeon maintenant. J’adore ça mais j’ai privilégié ma santé plutôt que ma passion. C’est comme ça.

Quels sont tes projets désormais ? 
J’ai eu mon bac et je suis rentrée à l’université de Toulouse en licence science de la terre et de l’environnement pour devenir géologue. J’ai mon appartement en face de la fac, mes parents habitent à Carcassonne ce qui me permet également de les voir plus facilement. Je me rapproche enfin de ma famille, je suis contente parce que je suis quand même partie très jeune de la maison (Rires).

À l’époque, tu avais quitté la maison pour la gym, peux-tu revenir sur ces années-là ?
J’ai commencé la gym à l’âge de 2 ans dans un petit club près de Nancy. Ensuite, je suis rentrée en Sport Etudes au club de Metz gym en CE2, donc à 8 ans, avant de rejoindre le pôle de Dijon en 2016, à mon entrée en Sixième, et le club de l’Alliance Dijon Gym 21 où je me suis licenciée.

Des années gym marquées par les blessures… 
Oui, je me suis pas mal blessée. Ma première saison au pôle de Dijon, je me suis blessée aux deux coudes en même temps donc ma saison a été terminée très rapidement. La deuxième année j’ai pu bien reprendre et j’ai décroché ma première sélection France au tournoi de Combs-La-Ville. La troisième année, Nadia Massé mon entraîneur est partie, on s’est retrouvé sans entraîneur et je me suis reblessée au coude donc saison à nouveau terminée prématurément. La quatrième année, il y a eu le Covid donc je n’ai pas pu faire beaucoup de compétitions.

Lilou Ballin au tournoi de Combs-La-Ville. Photo Charlotte Laroche

Et ensuite, tu décides d’arrêter la gym, pourquoi ? 
À cause de mes blessures. Avec mes deux coudes, j’ai pas mal morflé ! J’étais à peu près bien revenue sur 3 agrès, le sol, le saut et la poutre mais aux barres c’était très compliqué. Déjà je n’aimais pas ça et j’avais accumulé beaucoup de retard. J’avais des minima de points à réaliser et j’étais lucide, avec le retard pris aux barres, je savais que je n’arriverais pas à revenir donc j’ai décidé d’arrêter.

C’est alors que tu as décidé de te tourner vers le plongeon ? 
Oui, car à ce moment-là je ne voulais pas arrêter le sport de haut-niveau et je voulais garder ce que j’aimais le plus dans la gym, à savoir l’acrobatie et cette sensation qu’on pouvait ressentir dans les airs et que je trouve tout simplement incroyable. Je savais que d’autres gymnastes avaient basculé dans ce sport et Paco, mon entraîneur au pôle, m’en a parlé et je me suis dit pourquoi pas essayer. J’aime bien nager, j’aime bien l’eau, j’aime l’acrobatie, donc ça ne coutait rien de tester. Et au final j’ai tout de suite adoré ça.

Tu avais passé des tests ? 
Oui j’ai commencé à passer des tests quand je faisais encore de la gym. J’ai fait une première série de test en janvier, une deuxième série en février et j’ai été retenue. Ensuite, je suis entrée à l’INSEP à la rentrée 2020, juste après le COVID et après avoir arrêté la gym.

Comment s’est passée la transition ? La gym ne t’a pas manqué ? 
La transition s’est vraiment faite naturellement. Quand j’ai commencé le plongeon, j’avais beaucoup d’autres techniques à apprendre, c’était l’année post COVID donc j’avais hâte de reprendre le sport et puis j’ai tout de suite tellement adoré ça que même si la gym a marqué presque 15 ans de ma vie, ça ne m’a pas du tout manqué. D’autant plus que j’ai retrouvé les sensations que j’adorais en gym, donc j’étais vraiment contente de commencer autre chose.

Si les choses s’étaient passées différemment, tu te serais vue continuer le plongeon plus longtemps ? 
Mon objectif était de faire les Jeux Olympiques de Paris 2024 donc oui j’aurais aimé pouvoir continuer plus longtemps. J’étais d’ailleurs en lice pour plonger sur 10 mètres en synchro pour les Jeux mais je me suis blessée et une plongeuse a pris ma place. Cette saison, je serais passée en senior après trois années en junior et j’aurais pu entrer dans la cours des grands mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Mais c’est comme ça, j’ai eu la chance de terminer sur les championnats d’Europe junior avec une bonne performance donc j’ai quand même eu la chance de terminer sur une belle compétition.

Quel place va occuper le sport désormais dans ton quotidien ? Le haut-niveau c’est terminé ? 
Je vais me consacrer à mes études supérieures et côté sport, je vais continuer la musculation pour l’entretien, continuer de faire de la planche à voile et je vais faire du badminton. Mais pour m’amuser. Le haut-niveau, c’est terminé ! Maintenant, ce sera uniquement pour le plaisir.

Propos recueillis par Charlotte Laroche 

Article précédentKaylia Nemour, comment peut-elle se qualifier pour Paris 2024 ?
Article suivantAlina, l’amour secret de Poutine : des coulisses du Kremlin aux praticables de gymnastique rythmique

LAISSER UN COMMENTAIRE

Merci d'inscrire votre commentaire !
Merci d'indiquer votre nom