Blessée au genou quelques jours avant le début des championnats du Monde de Nanning, en 2014, Laura Longueville n’a jamais pu reprendre la gym comme elle le souhaitait. Deux ans après sa blessure, la pensionnaire du Pôle de Saint-Etienne vient d’annoncer officiellement qu’elle se retirait du haut-niveau. Son bac en poche, elle se destine désormais à des études de kiné. Entretien avec une gymnaste dont la carrière a été brisée par une mauvaise réception.
Gym and News : La semaine dernière, vous avez annoncé officiellement sur les réseaux sociaux que vous vous retiriez du haut niveau, comment vous sentez-vous ?
Laura Longueville : Je me sens bien. C’est une page qui se tourne, c’est vrai, mais tout était clair dans ma tête depuis un moment. Avec mes problèmes de genou, c’était clair que j’allais arrêter, il fallait juste que je l’annonce de manière officielle. Après ma blessure, je suis restée inscrite au Pôle de Saint-Etienne pour pouvoir terminer mon cursus scolaire mais je ne m’entraînais plus comme avant. Je suis passée de 25 heures d’entraînement par semaine à 6 heures et je m’entraînais essentiellement au club de Saint-Etienne, plus au Pôle. En 2015 et 2016, j’ai pu faire quelques compétitions mais je n’avais plus du tout le niveau d’avant. Je ne pouvais plus du tout faire de saut, ni de sol, et en poutre, je ne pouvais faire que très peu de choses. Là je viens d’avoir mon bac donc c’était le bon moment pour annoncer officiellement mon retrait du haut niveau.
C’est une nouvelle vie qui commence alors pour vous ?
Oui ! J’ai eu mon bac avec mention assez bien, je suis super contente. En septembre, j’entre à la fac à Grenoble, en STAPS, filière kiné.
Pensez-vous continuer un peu la gym en parallèle de vos études ?
Je vais m’inscrire au club de Grenoble et j’essaierai de m’entraîner un peu mais uniquement pour garder la forme. Pour bouger, m’entretenir. Et puis, j’aimerais entraîner un peu aussi. Je ne veux pas en faire mon métier mais si j’ai l’occasion d’entraîner pendant mes études, ça me plairait bien. Cela me permettrait de gagner un peu d’argent et de financer mes études.
Revenons sur votre blessure au genou, contractée en 2014, à Nanning. Comment les faits se sont déroulés ?
Je me suis blessée en Chine, quelques jours avant le début des championnats du monde. On était aux barres, on s’entraînait et on répétait nos complets. On était un peu fatiguées à cause du décalage horaire mais j’ai voulu refaire mon complet car je n’étais pas totalement satisfaite de ce que j’avais fait lors de mes précédents passages. C’était vraiment mon choix de passer une fois supplémentaire, pas celui des entraîneurs. Mais au final, c’était le passage de trop et en sortie, mon genou a lâché. J’ai été rapatriée en urgence en France pour pouvoir être opérée et passer des examens complémentaires. J’ai été opérée une première fois mais il y a ensuite eu des complications. En gros, on m’a dit que j’avais été opérée trop rapidement et qu’il aurait mieux fallu attendre un peu. Le fait que je sois totalement immobilisée à empirer les choses et j’ai donc dû subir une seconde opération quelques mois plus tard.
Aujourd’hui, avez-vous gardé des séquelles ?
Oui, j’ai pas mal de séquelles. Je ne passe pas une journée sans avoir de douleurs. Il y a certaines choses du quotidien que je ne peux plus faire. Si je reste assise trop longtemps, j’ai mal. Si je reste debout trop longtemps, j’ai mal aussi. Je ne peux plus courir plus de 15-20 minutes. Comme je veux éviter que les choses s’aggravent, je fais attention. C’est aussi pour ça que je préfère arrêter la gym.
Continuez-vous la rééducation ?
Oui à raison de trois fois par semaine. Je ne sais pas combien de temps je vais devoir continuer, tout dépend de la manière dont les choses évolueront.
Quels souvenirs gardez-vous de votre carrière de gymnaste de haut-niveau ?
L’un de mes meilleurs souvenirs est mon entrée en équipe de France en 2011 et plus particulièrement le jour où j’ai reçu les équipements France, les justo, etc. C’était mon rêve de petite fille qui se réalisait. Et puis, il y a les FOJE aussi avec la cérémonie d’ouverture. C’était tout simplement magique !
Vous vous apprêtez à quitter le Pôle de Saint-Etienne, c’est une page de votre vie qui se tourne, ce n’est pas trop dur à gérer ?
Si c’est super dur ! Ils vont tous me manquer ! Là, je suis encore à Saint-Etienne donc ça va pour le moment, je ne réalise pas trop, mais lorsque je vais devoir les quitter, je ne sais pas comment je vais réagir. J’ai tissé des liens très forts avec les filles mais bon j’essaierai de passer les voir aussi souvent que je le pourrai. Maintenant, c’est une nouvelle qui commence…
Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News