Champion de France en titre en Nationale 1 en GAF, le club de l’Alliance Dijon Gym 21 doit renoncer à la montée en Top 12 en raison d’un problème de salle. Une décision difficile à encaisser au sein du club.
Elles ont gagné leur place parmi l’élite mais ne pourront finalement pas l’honorer. Un coup dur pour Célia Serber, Jordane Bayer, Daphné Bardon, Milena Baghramyan et Coline Weber qui, il y a à peine deux mois, célébraient leur titre de championne de France à Lyon et leur montée en Top 12. Mais après la joie, la douche froide. Le coup de massue. Car l’ADG 21 n’évoluera finalement pas en Top 12 la saison prochaine, la plus haute division de gymnastique artistique française, l’équivalent de la Ligue 1 en foot, la Pro A en basket ou la Ligue Magnus en hockey sur glace. En résumé, la crème de la crème… Même si cette année, la crème manquera de quelques ingrédients puisque le championnat se fera sans le club d’Avoine-Beaumont, champion de France en titre en Top 12, qui, plongé dans un conflit avec la Fédération française de gymnastique, a été relégué après la perte de son label de club formateur, et Schiltigheim et Hyères, respectivement 4èmes et 5èmes, qui, eux, n’ont pas obtenu le label ne remplissant pas l’ensemble des conditions fixées par l’instance fédérale.
Mais dans le cas du club de Côte d’Or, la raison est toute autre. Toute autant subie certes mais différente. “L’ADG 21 ne va pas être en mesure d’honorer sa qualification car aucune possibilité n’a été trouvée avec notre municipalité pour la mise à disposition d’un gymnase pour deux journées dans la saison” , explique Astrid Korn, la présidente du club. “Nous avons alors entrepris de louer une salle conforme existant dans la commune voisine mais la municipalité propriétaire nous a également indiqué ne pas être en mesure de nous la louer.”
Or sans salle, pas de Top 12. “J’ai mis tout en oeuvre pour trouver une solution mais malheureusement aucune solution n’a pu être trouvée” , regrette la présidente. “Si ça avait été un autre sport, la Ville aurait trouvé une solution, mais là on parle de gym alors forcément, ce n’est pas la peine de faire des efforts” , fulmine Johnny Bardon, le père de Daphné avant de compléter : “Je suis très amer de cette situation que je trouve même déplorable, il ne faut pas avoir peur des mots. C’est déplorable que pour des raisons politiques, on en vienne à devoir prendre ce genre de décision et priver des jeunes athlètes d’évoluer dans la plus haute division. Elles travaillent dur toute l’année, elles ne sont pas en structure de haut-niveau, c’est un projet qu’elles mènent avec beaucoup de sérieux et on les en prive pour une raison qui n’est pas entendable. Elles ont gagné le droit de participer au Top 12, une forme de Graal pour elles, elles sont championnes de France, et on les en empêche, c’est dégueulasse. Ils ont tout gâché et surtout la raison est très difficilement justifiable.” Une décision lourde de conséquence pour les gymnastes mais aussi pour l’ensemble du club. “Il y a les gyms qui sont en première ligne mais il y a aussi les bénévoles qui s’investissent au quotidien, Nadia Massé leur entraîneur et Astrid Korn la présidente, c’est une équipe au complet qui aurait mérité cette fête” , poursuit le père de famille.
De son côté, sa fille Daphné ne peut dissimuler sa tristesse face à cette situation. “J’ai l’impression que le sort s’acharne sur nous et que les problèmes ne s’arrêteront jamais… Être privées de Top 12 pour un problème de salle, honnêtement c’est rageant. Je suis triste, déçue, en colère mais c’est comme ça, on ne peut rien y faire de toute manière” , confie la gymnaste de 15 ans. Même constat du côté de Célia Serber, membre de l’équipe de France qui compte déjà de nombreuses sélections à son actif. La doyenne et leader de l’équipe, celle pour qui les compétitions avec son club de l’ADG 21, son “club de coeur” comme elle le dit elle-même, là où elle a débuté la gym en 2007 avant de gravir les échelons un à un jusqu’à rejoindre l’équipe de France et entrer à l’INSEP, sont si importantes. “C’est frustrant de se dire qu’on ne peut pas matcher en Top 12 à cause d’un problème de salle, ça laisse un goût amer surtout qu’on était fière d’avoir validé notre montée ensemble, sans étrangères. Maintenant, c’est comme ça, on ne peut rien y faire.”
Tristes mais pas abattues. Déjà prêtes à remonter sur la selle avec en plus, cette saison, un nouvel enjeu. “Avoine sera contre nous, j’aurais préféré que les filles gardent leur place en Top 12, mais si elles sont contre nous, ce sera un challenge supplémentaire. À nous de le relever, avec toujours cette même envie” , complète Célia Serber. “Les compétitions en club, c’est quelque chose de vraiment particulier, c’est ma team à moi, à chaque fois je suis vraiment heureuse de les retrouver, alors oui le Top 12 ce n’est pas pour cette fois mais on va continuer de faire le taffe. Ensemble.”
Ce n’est pas la première fois que l’ADG21 renonce à monter en Top 12. La saison précédente, le club dijonnais avait souhaité rester en Nationale 1 pour raisons financières et sportives, mais contrairement à l’année dernière, cette fois-ci ce n’est pas par choix. “Le format du Top 12 est très très lourd financièrement pour les clubs et au niveau de l’organisation de la saison aussi ça oblige les gyms à tirer complet dès le mois d’octobre, c’est ce qui nous avait conduit à refuser la montée la saison dernière. Cette année, nous voulions l’accepter mais la Ville n’a pas suivi” , éclaire Astrid Korn, la présidente. “Nous avons demandé une subvention supplémentaire pour pouvoir absorber les coûts supplémentaires qu’engendre la compétition, mais nous nous sommes de toute manière retrouvés confrontés à un problème de salle. Sans salle, on est bloqué. Je suis triste pour les gyms mais ce sont des guerrières, ce sont mes guerrières, et elles sont déjà d’attaque à entamer une nouvelle saison avec toujours la même passion et la même envie. On est comme ça à l’ADG21.”
Contactée à ce sujet par Spot Gym, la ville de Dijon n’a pas donné suite.