Kaylia Nemour : “Cette médaille, je l’ai faite pour moi, mes entraîneurs, ma famille, mais ce n’est pas une revanche”

À tout juste 16 ans et pour ses premiers championnats du monde, Kaylia Nemour remporte l’argent aux barres asymétriques. L’or revient pour quelques centièmes de points à la chinoise Qiyuan Qiu. L’américaine Shilese Jones s’empare du bronze. La française Lorette Charpy, de retour de blessure, termine neuvième.

Elle était attendue et malgré la pression qui pesait sur ses épaules, elle a répondu présente. Kaylia Nemour, ancienne internationale espoir française qui évolue désormais sous les couleurs de l’Algérie après s’être retrouvée au coeur d’un interminable imbroglio avec la France, est devenue vice-championne du monde aux barres asymétriques ce samedi 7 octobre à Anvers. Une médaille historique pour l’Algérie qui tient une grande championne. Une grande perte pour la France.

Opérée des deux genoux au printemps 2021, Kaylia Nemour avait ensuite disparu du circuit compétitif national et international. Si elle avait obtenu le feu vert de son chirurgien et de son médecin du sport en mars 2022 pour reprendre l’entraînement, elle était ensuite dans l’attente de l’aval du médecin fédéral français. Sans cet accord, il lui était impossible de reprendre la compétition. Si elle avait fini par l’obtenir après de longs mois d’attente pour les barres uniquement, se retrouvant dans l’impossibilité de présenter les trois autres agrès, entre temps, voyant son avenir bouché en France et son club étant englué dans un conflit avec la Fédération française de gymnastique, elle avait alors entamé des démarches pour évoluer sous les couleurs de l’Algérie, pays d’origine de son père, afin de poursuivre sa quête olympique. Une lutte de plusieurs mois s’était ensuite poursuivie afin que son changement de nationalité sportive soit effectif dans la foulée, sans avoir besoin de respecter un délai de carence imposé par les statuts de la Fédération internationale mais très rarement respecté afin de permettre aux gymnastes de reprendre rapidement la compétition sous leur nouvelle bannière. En mai dernier, à la suite de l’intervention de la Ministre des Sports, un dénouement heureux lui avait alors de participer aux championnats africains et de se qualifier pour ces championnats du monde d’Anvers, qualificatifs pour Paris 2024.

En Belgique, en ce début d’automne, Kaylia Nemour a brillé dans la salle du Sportpaleis. Elle qui avait la médaille à portée de main avec un mouvement affichant une note de difficultés des plus élevées au monde, mais qui devait encore transformer l’essai pour monter sur son premier podium mondial. “C’est énorme, je suis très contente” , sourit-elle après sa finale. “Si mon mouvement était réussi, je m’attendais à décrocher une médaille mais après il ne restait plus qu’à voir la couleur.” Et c’est l’argent qu’elle est allée chercher, se classant pour quelques centièmes de points juste derrière la Chinoise Qiyuan Qiu.

Une finale que la sociétaire du club d’Avoine-Beaumont a abordé non sans stress. “J’étais stressée mais je me suis dit qu’il fallait que je fasse comme à l’entraînement, comme ce que je savais faire” , explique-t-elle. Une médaille qui représente un travail de qualité mené dans l’ombre pour créer un mouvement d’une telle difficulté et ce, malgré le contexte difficile dans lequel elle a évolué ces derniers mois. “Cette médaille, je l’ai faite pour moi, mes entraîneurs, ma famille, mais ce n’est pas une revanche par rapport à tout ce qui s’est passé” , lance-t-elle avec beaucoup de maturité du haut de ses 16 ans. “Et puis mon objectif était les Jeux Olympiques, je me suis qualifiée, donc je suis vraiment contente.”

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Le retour de Lorette Charpy 
Également alignée sur cette finale barres, Lorette Charpy termine à la neuvième place après une chute en barre supérieure. Lorette Charpy qui, victime de deux ruptures des ligaments croisés en moins de 2 ans, est parvenue à se hisser en finale barres pour son grand retour à la compétition. Un exemple de résilience et de combativité.

“Faire une chute, c’est toujours triste et décevant mais j’en garde principalement du positif” , livre-t-elle devant la presse juste après sa finale. Lorette Charpy qui a vécu une semaine “magique” avec le reste du collectif en entrant dans l’histoire de la gymnastique française en remportant le bronze par équipe, mettant fin à une disette de 73 ans. “C’est un peu difficile de dire que ma semaine a été magique quelques minutes après une chute mais avec ce qu’il s’est passé mercredi, je m’en remettrai. À chaque fois que je vois cette médaille ou les photos, je n’en reviens pas. C’était incroyable de le faire en équipe et ça me réconforte dans l’idée d’avoir réussi à revenir sur ces championnats du monde et ça m’encourage à continuer tous ces efforts.”

Le classement 

1. Qiyuan Qiu CHN 15,100
2. Kaylia Nemour ALG 15,033
3. Shilese Jones USA 14.766
4. Zhuofan Huang CHN 14.766
5. Simone Biles USA 14,200
6. Sanna Veerman NED 14,200
7. Naomi Visser NED 14,166
8. Elsabeth Black CAN 13,800
9. Lorette Charpy 12,933

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