Suite au reportage diffusé dimanche soir dans l’émission Stade 2 sur France 3, la Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, a reçu ce mardi James Blateau, président de la fédération française de gymnastique, et Kevinn Rabaud, directeur technique national. Parmi les sujets abordés, le cas de Kaylia Nemour, une gymnaste franco-algérienne de 16 ans, au coeur d’un imbroglio avec la fédération française de gymnastique.
Le combat aura été long mais l’issue aura été heureuse. Contrainte de respecter un délai de carence d’un an (jusqu’au 21 juillet 2023, NDLR) avant de concourir à l’internationale sous ses nouvelles couleurs suite à son changement de nationalité sportive, Kaylia Nemour vient d’être libérée par la FFG et pourra finalement représenter l’Algérie dès ce mois de mai lors des championnats africains, compétition qualificative pour les championnats du monde, eux-mêmes qualificatifs pour les Jeux Olympiques de Paris.
La nouvelle a été annoncée dans un communiqué ce mardi 16 mai par le Ministère des sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques. « Concernant la gymnaste Mme Kaylia Nemour, la fédération en pleine responsabilité, considère que son intégrité physique n’est pas suffisamment respectée mais ne s’opposera pas à sa demande de concourir au championnat d’Afrique. Cette décision lui permettra de concourir sous les couleurs d’une nouvelle sélection nationale dès le championnat continental qui se tiendra fin mai, comme cela est son souhait. »
Un délai de carence écourté
Pour mieux comprendre la situation, il faut revenir deux ans en arrière. En 2021, Kaylia Nemour se fait opérer des genoux car elle souffre d’une ostéochondrite. Après huit mois de rééducation, son chirurgien et son médecin du sport l’autorisent à reprendre l’entraînement mais pas le médecin fédéral qui s’oppose à sa reprise, sans même l’avoir rencontrée. Après des mois de blocage et ne se sentant plus désirée en France, elle décide de rejoindre les rangs de l’Algérie, pays d’origine de son père.
La Fédération internationale de gymnastique donne son feu vert mais pas la Fédération française. Or sans le consentement de la FFG, la gymnaste de 16 ans est obligée de respecter un délai de carence d’un an avant de pouvoir matcher pour l’Algérie sur une compétition internationale (un délai de carence d’un an stipulé dans les statuts de la FIG dans le cas où la fédération “sortante” ne donne pas son accord, NDLR). Pourtant, par le passé, la fédération française a déjà autorisée à deux reprises un changement de nationalité sans imposer de délai de carence, avec Farah Boufadène et Janna Mouffok. Une différence de traitement qui avait donc entraîné l’incompréhension.
Après plusieurs mois de mobilisation de la famille et de la communauté gymnique, la situation s’est finalement débloquée en ce mardi 16 mai. « C’est énorme soulagement ! » , lance Stéphanie Nemour, la mère de Kaylia, les larmes aux yeux. « Je suis tellement heureuse. Il faut que j’absorde la nouvelle car ça fait des mois qu’on se bat mais je suis tellement heureuse. Soulagée. Kaylia va enfin pouvoir penser à sa gym, pratiquer plus sereinement et va pouvoir se préparer comme toutes les autres athlètes. Cette décision marque la fin d’un long combat. » La joie d’une maman qui s’est battue corps et âmes, jour et nuit, pendant des mois sans jamais perdre espoir. « Je tiens à remercier toutes les personnes qui se mobilisées pour Kaylia, cet élan de solidarité fait chaud au coeur. Et je tiens également à remercier madame la Ministre des sports qui a permis la libération de Kaylia. » Et comble du hasard, la nouvelle est tombée alors que l’équipe d’Algérie est actuellement en stage à Avoine, aux côtés de Kaylia. Une nouvelle qui peut donc être célébrée par l’ensemble de l’équipe qui peut désormais se projeter, toutes ensemble, sur l’après… La fin d’un long combat mais une grande perte pour la France qui se prive d’une médaillée potentielle aux championnats du monde et aux Jeux Olympiques.
Incapacité d’exercer pour le directeur technique du pôle de Marseille
D’autres points ont également été abordés. Le Ministère indique que deux enquêtes ont été ouvertes sur les entraîneurs mis en cause dans le reportage diffusé dimanche soir dans Stade 2.
« S’agissant d’une des personnes mises en cause, le service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (SDJES) concerné, sous l’autorité du préfet du département, va être chargé de l’enquête qui permettra, le cas échéant, la prise d’une mesure d’interdiction d’exercer de l’entraîneur cité dans le reportage », explique le communiqué.
« S’agissant d’une autre personne mise en cause, le cadre du MSJOP va être reçu par la direction des sports et est susceptible de faire l’objet d’une suspension à titre conservatoire le temps de conduire l’enquête disciplinaire dans le respect du contradictoire. »
Concernant le directeur technique du pôle France de gymnastique de Marseille condamné le 4 mai dernier à six mois de prison avec sursis pour harcèlement moral sur mineures, une incapacité d’exercer lui a été notifié révèle ce même communiqué : « En application du code du sport, le ministère va tirer les enseignements de la condamnation judiciaire prononcée récemment à l’encontre de M. Vincent Pateau, directeur technique de la structure d’entraînement de gymnastique artistique de Marseille, et devenue définitive faute d’appel, en notifiant à l’intéressé une incapacité d’exercer toute fonction d’encadrement. »
Enfin, « concernant le club d’Avoine-Beaumont, la ministre a demandé que l’enquête en cours puisse aboutir dans les meilleurs délais, afin que toutes les conclusions puissent en être tirées tant sur la structure que les personnes qui y exercent. »