En 2021, après un parcours marqué par des promesses mais aussi des blessures, Julia Forestier est priée de rentrer chez elle. Elle nous raconte le chemin qu’elle a traversé jusqu’à son retour souriant et enthousiaste lors de la revue de rattrapage du mois de mars dernier. Un retour à l’essentiel mais aussi un retour sur le devant de la scène pour elle qui ne laisse rien au hasard.

Dès qu’elle commence à égrener son parcours, on sent chez Julia Forestier qu’elle associe ses performances à un climat de bien-être, de bienveillance et de l’entourage familial. Dans son enfance, lors de son passage à Meaux, à l’INSEP et à fortiori aujourd’hui, la vingtaine passée, on la sent attachée aux personnes qui l’ont accompagnée vers une pratique esthétique, et un épanouissement personnel.

Julia commence la gymnastique dans le Nord, entourée de sa maman, de sa marraine et de Marie Vanghelder, sa cousine, son entraîneur d’encore et toujours. Elle n’a que 9 ans lorsqu’elle retient l’attention du Palais des Sports de Marseille lors des Massagalides, compétition réservée aux jeunes gymnastes en préparation pour les compétitions performances et avenir, organisée en marge du Massilia Gym Cup.

C’est sa première sortie sur le plan national, et même si elle n’est pas plus haute que trois pommes, elle a déjà tout d’une grande. Elle capte l’attention, comme elle capte la lumière. La petite fille à la frange au cordeau et au chignon bien serré devient très vite Julia Forestier, pour tout le monde. Elle est licenciée à La Madeleine et c’est aux côtés de Marie, en famille, qu’en 2013 elle remporte le titre de Championne de France avenir. Julia continue de marquer les esprits par son niveau mais aussi la qualité de son exécution et de sa présentation. Pour certains elle représente la nostalgie d’une gymnastique passée, pure et précise, mais pour tous elle représente l’avenir radieux pour la France.

Auréolée de son titre, elle rejoint le pôle Espoir de Meaux sous la houlette de Nathalie Delafraye et Eric Besson en septembre 2013.

Le chemin vers l’Europe entre maux et Meaux
Immédiatement, Nathalie Delafraye décèle chez Julia une prédisposition naturelle sur la poutre. L’organisation au sein du Pôle permet de passer du temps à travailler cet agrès. Comme le dit Sarah Salens, l’une de ses anciennes entraîneurs au pôle seine-et-marnais,
« la poutre dans le haut-niveau c’est facile d’avoir les exigences, tout le monde fait pareil, mais pour se démarquer et avoir son style il faut beaucoup de travail et développer un travail spécifique ». Et c’est aussi ce temps passé et le feeling de Nathalie, la valorisation et l’abnégation sur cet agrès qui ont fait que Julia, avant elle Marine Boyer, puis Sophie Barbelet, y ont signé des performances remarquables.

Julia a été une des premières gymnastes en France à oser le costal-tendu décalé, une très grosse série acrobatique qui symbolise à la fois  le temps et la patience. « Il faut oser prendre le temps de maîtriser les grosses séries, aujourd’hui Julia fait toujours cette série, et c’est une vraie fierté. C’est ce travail entre Nathalie et Julia qui m’a permis de croire que c’était possible et de travailler aussi cette série avec Sophie » ajoute Sarah, reconnaissante. On comprend à travers ces mots que la relation entre l’entraîneur et la gymnaste à la poutre a besoin d’une confiance réciproque, et qu’encore plus qu’ailleurs c’est un engagement sur le long terme.

Le temps justement, à la fois un allié et un adversaire dans la carrière de la Nordiste. Elle a alterné les longues périodes de blessures, avec les résultats probants confirmant son potentiel (championne de France Espoir en 2015 et 2016). En 2018, les yeux sont rivés sur les Championnats d’Europe junior. Ils ont lieux en août à Glasgow, et Julia se qualifie. Lors de l’ultime match, en Italie, elle signe un 14 magistral à la poutre, plein de promesses. « Je fais 1ère, j’étais trop fière » souffle t’elle dans un grand sourire, empreint de nostalgie. Ce sourire qui laisse place à la déception lorsque quelques jours avant le départ pour l’Ecosse, elle se blesse à la main en chutant de la poutre. « On était à l’INSEP donc on a immédiatement passé des radios, et la médecin m’a dit que c’était cassé, pas de championnat d’Europe pour moi, malheureusement », révèle-t-elle. C’est ainsi que se termine le parcours de Julia au pôle de Meaux, où malgré les obstacles et les blessures, elle avait les bons repères.

Malgré sa volonté de poursuivre dans cet environnement, l’organisation fédérale ne lui a pas laissé le choix : elle a rejoint l’INSEP, à contre cœur, mais portée par cet amour et cette dévotion à la gymnastique. Sarah confirme que le départ a été difficile : « on l’a encouragée parce qu’il y avait plus de moyens à l’INSEP. Nous devons être des formateurs et des accompagnateurs. Mais je reste convaincue que quitter un environnement où l’on est en confiance, où l’on a des repères, des amis, des habitudes, à une période de la vie où le moindre changement est amené à influer sur la personnalité c’est déjà hyper compliqué. En plus il y avait un contexte particulier à Meaux, Nathalie, malade, est décédée en 2019, et cette situation n’a peut-être pas été assez bien appréhendée. »

Un contexte à l’INSEP difficile pour le corps et l’esprit
Julia rejoint donc le complexe D’Oriola à la rentrée 2018. La déception de la blessure à la main s’estompe, mais l’intégration est difficile mentalement, mais aussi physiquement. Elle doit gérer diverses douleurs et de plus en plus de réflexions sur son évolution physique, la gestion de la puberté, les variations hormonales. « Il y avait plein de rumeurs qui disaient que quand tu arrives à l’INSEP tu grossis, du coup je redoutais de grossir, je redoutais la puberté, j’avais peur », confie la gymnaste.

L’accompagnement des jeunes filles au cours de l’adolescence est une nécessité encore taboue, même aujourd’hui. Un accompagnement indispensable dans la société, encore plus dans le sport de haut-niveau où le corps est l’instrument de travail, où l’esprit a besoin d’être libre pour se consacrer à cet engagement intense et quotidien.

À cette peur de grossir, s’ajoute la peur de la blessure. Blessure qui arrive en novembre 2020 : Julia se rompt partiellement un croisé, elle évite l’opération mais enchaine immobilisation et rééducation. « J’avais peur, j’avais peur tout le temps. Le soir dans ma chambre je me forçais à tendre la jambe en me disant qu’il ne fallait plus que j’aie mal le lendemain ». Cette blessure remet en cause sa situation à Paris. On lui demande de faire ses preuves, et une nouvelle fois, sérieuse dans sa rééducation elle répond aux minimas qui lui ont été données. Cela ne suffit pas, elle sollicite un entretien et on lui annonce [qu’on pense pour elle], et qu’elle doit arrêter. « J’étais désemparée, démunie. Je reconnaissais que physiquement je souffrais, mais j’aimais toujours la gym, j’avais l’impression d’avoir perdu quelque chose, mais on ne me donnait pas le choix » , regrette-t-elle.

Avec le recul, Julia relativise « J’ai adoré l’INSEP, j’ai adoré m’entraîner avec Martine (George), Nellu (Pop) et Cédric (Guille), c’était vraiment incroyable. Mais je crois qu’aller à l’INSEP à un autre moment de ma vie m’aurait permis de m’épanouir plus ».

Sarah s’émeut sur cette situation d’accompagnement des gymnastes : « L’évolution de Julia aujourd’hui doit permettre de poser des questions. Comment, dans ce système, on peut ne pas se demander « comment, malgré tous les curseurs de performances et de suivi mis en place, on a pu laisser passer une gymnaste comme elle ? ». Ce que je perçois c’est qu’aujourd’hui elle performe dans des conditions antinomiques par rapport au cahier des charges du haut-niveau. ». Antinomique, peut-être, mais Julia évolue dans un environnement familial et bienveillant. Elle a compris qu’elle devait pratiquer la gymnastique pour elle, et non pour un système. Et même si les Centres d’entraînement regroupent toutes les caractéristiques pour la performance, les facteurs humain et social ne sont-ils pas oubliés ?

Prise de conscience et introspection, clé du succès ?
Au moment où certaines préparent leurs valises pour les jeux Olympiques de Tokyo, Julia, elle, retourne chez elle dans le Nord, disant, peut-être, au revoir à son rêve olympique. Mais la gymnastique c’est sa vie, et elle a vécu jusqu’à présent pour la gym, dans une routine presque instinctive, robotique « Je me levais, j’allais à l’école, j’allais à la gym, j’étais fatiguée, je faisais ça tout le temps, tout le temps pareil. En plus je suis arrivée à l’INSEP mon corps il était déjà down ». Alors, machinalement elle est retournée au gymnase, près de chez elle, en famille. « J’ai sympathisé avec les filles, c’était chouette, mais j’étais tellement pas bien dans mon corps que j’ai dit stop. J’ai fait de la danse, j’allais au gymnase juste pour entraîner ».

La gym triste, la gym sans âme, ce n’est pas le crédo de Julia Forestier. Il n’était pas question non plus de faire de la gym comme une corvée quotidienne « C’est fou mais j’avais l’impression que je ne savais faire que ça. » Souvent, il faut s’éloigner pour se rendre compte du manque, de l’amour et la passion. Quand une flamme existe elle finit toujours par rebruler. Et c’est ce qui s’est passé. « En août 2023 je me suis sentie à nouveau à l’aise, j’ai eu envie de refaire des éléments ». Ce déclic Julia le puise sans doute dans sa nouvelle vie, universitaire.

Son parcours s’est orienté vers la filière « Etudes en Danse ». Dans ce nouvel univers, elle découvre une autre facette du monde, d’autres perceptions du corps de la femme et du corps en général. Elle accepte aussi son propre corps. Au moment où on a cessé de lui marteler de ne pas grossir son corps s’est stabilisé « C’est mental de toute façon, je n’ai pas changé mes habitudes. J’ai accepté certaines choses, j’ai accepté d’être moi. Depuis qu’on ne me dit plus ce genre de chose, je me suis sentie moi, je me suis sentie mieux, et j’ai retrouvé un corps qui me fait me sentir épanouie ». S’accepter telle que l’on est, un grand pas dans le bien-être.

« Tu as toujours eu envie qu’elle se voit comme tu la voyais toi, c’était le message que j’essayais de lui faire passer », plussoie Sarah. Aujourd’hui Julia apparait rayonnante, joyeuse, épanouie. C’est aussi cela qui l’a conduite à remonter sur les agrès, mais à sa volonté, à sa passion s’est opposé son perfectionnisme. Le doute s’est parfois immiscé.

Julia aime la gymnastique pure et précise, elle aime aussi l’exigence et la beauté de ce sport. Mais avant tout elle aime le plaisir qu’il lui procure. Il n’était pas concevable pour elle de présenter de la gym qui n’atteignait pas ses standards. Dès son plus jeune âge, on louait le port de bras, le port de tête, la ligne de jambe, dans ce que Julia présentait. Sa détermination frisait l’excellence du geste, une forme d’art et d’excellence. « Je suis toujours dans la recherche de la précision, aux barres par exemple, je travaille beaucoup les angles, c’est important d’être précis », explique-t-elle. Sarah se souvient quant à elle de Julia à Meaux. « Elle aime faire bien, parfois plus simple mais toujours beau. Elle ne supportait pas que ce qu’elle présente ne soit pas beau, elle connait très bien le jugement et la gymnastique. On pouvait rester à peaufiner des éléments très longtemps, parce que ça ne lui convenait pas alors que toi tu te disais que c’était déjà très bon. »

Elle retrouve donc un rythme régulier d’entraînement. Et aussi un cadre familial, sans pression, avec l’entraîneur de ses débuts, sa cousine. « Je me rends compte que c’est une des meilleures, parce qu’elle nous écoute toutes. Elle écoute tout le monde et elle prend en compte ce qu’on lui dit. Elle priorise notre santé, notre bien-être plus que la performance. C’est au-delà de la bienveillance, cet environnement conditionne notre réussite ». 

C’est cet esprit de plaisir, de clairvoyance, d’indulgence en termes de performance qui dicte à Julia chaque étape de son avancée gymnique.

2024, arrivée sur la pointe des pieds, elle survole son retour
Le déclic c’est un test amical avec Dunkerque. Julia avait repris les agrès, sans trop savoir jusqu’où elle irait. Et la réussite a appelé le plaisir qui a appelé la motivation. Elle est rassurée, bercée et réconfortée par les mots de son entourage familial : « Ma cousine me répète que je dois me faire plaisir, que je n’ai rien à prouver à personne, c’est à ce moment-là que j’ai retrouvé cette gym que j’aimais quand j’étais petite, sans pression, sans personne derrière moi. C’est simplement moi et ma gym, j’ai l’impression de m’être retrouvée, c’est ce qui m’a donné des ailes. »

Après ce test, elle signe un total de 57 points lors d’une compétition par équipe (sur le code aménagé). Un signal fort avant de finalement se présenter à la revue nationale de rattrapage, pour présenter avec fierté son travail devant la Direction Technique Nationale.
« Je n’avais pas d’objectifs précis, me faire plaisir et me prouver à moi-même qu’on m’a virée alors que j’avais les capacités pour parvenir aux objectifs » , confie-t-elle. Là encore elle puise la force auprès de sa famille. « Ma mère m’a dit que c’est le moment pour moi de me rendre fière, et de montrer ce dont je suis capable. Dans tous les cas je n’avais rien à perdre ». Rien à perdre et même tout a gagner. « Je me suis étonnée, je fais une très bonne compétition, pas parfaite, mais je suis très satisfaite de moi », sourit-elle. Elle peut… plus de 52 points et un 14 à la poutre, un peu comme celui qu’elle avait signé avant Glasgow. Mais aujourd’hui, l’esprit est libéré, serein, et le plaisir dicte la pratique quotidienne. Elle sera présente à Lyon, aux Championnats de France Elite, en juin prochain pour continuer son chemin.

Sarah, elle aussi toujours animée par la passion de la belle gym, avait fait le déplacement jusqu’à Hénin Beaumont pour suivre le retour de Julia. Elle la retrouve telle qu’elle était : « Elle se sublime en compétition. Elle est déjà très belle à l’entraînement, mais je dirais qu’elle s’y donne à 98%. Elle garde les 2% restants pour être étincelante en compétition. On la contemple. Et être là c’était déjà très courageux. Revenir dans un milieu qui a pu nous être hostile, c’est parfois oppressant. Elle a une sacrée force de caractère. Elle était fière et détendue.  Elle nous a fait le « Spécial Forestier » ce petit truc en plus qu’elle seule a. »

Quel bel hommage, plein de fierté et d’émotions d’une entraîneure à une de ses premières gymnastes.

Et après ? De Coryphée à Etoile, au fil des inspirations
On l’a compris, Julia a comme unique objectif de se faire plaisir, de s’épanouir. Ce plaisir, elle le transmet à ceux qui la suivent, avec ce qu’elle libère sur l’agrès. Où puise t’elle son inspiration ?

« Moi j’aime la gym qui donne de l’émotion. Et même si elle est sur le circuit depuis plusieurs années, j’ai eu une révélation aux championnats du monde avec Rebecca Andrade. Elle danse littéralement sur le praticable. Elle vit sa gym, elle est incroyable. Elle ne fait pas de la choré parce qu’il faut en faire. Je regarde beaucoup de vidéos d’elle, et elle est une vraie source d’inspiration ». Son inspiration elle la puise aussi dans le monde de la danse. « J’ai créé mon sol telle que je suis. J’ai un peu appris du contemporain, cela m’a permis de m’ouvrir plus sur l’artistique. Le sol c’est ma façon d’être que je veux transmettre. Je veux transmettre les émotions que je perçois dans la musique. Chaque mouvement représente quelque chose pour moi ». Julia a parfaitement intégré ce que devait être un sol au-delà de la définition de l’artistique du Code de pointage. Trop souvent on demande aux gymnastes de répondre à des critères établis, sans pour autant donner vie au corps, aux gestes, ni livrer des émotions. C’est en donnant vie aux déplacements, aux gestes qu’elle transforme le mouvement en émotion.

Aujourd’hui, de plus en plus, au détour des compétitions, on croise des gymnastes écartées de la filière haut-niveau, pour diverses raisons. Elles poursuivent brillamment leur carrière dans leur club, dans un état d’esprit positif et équilibré. Plaisir, épanouissement, passion de la gymnastique, sont les dénominateurs communs lorsque l’on prend le temps d’échanger sur leurs ambitions. Comme Julia, elles évoluent sans pression du résultat, sans compte à rendre à un système qui les a parfois étouffées.

Ces gymnastes performent tant au sein de leur fédération sportive qu’universitaire puisqu’en parallèle elles poursuivent des études, souvent remarquables. Et c’est là que l’on peut se demander si ce n’est pas le moment d’anticiper une participation féminine aux prochaines universiades en Allemagne. Une façon pour ces jeunes femmes d’allier à l’international la tête et les jambes, le corps et l’esprit, le travail d’hier et la reconnaissance de demain, une représentation française de qualité sur cette compétition où auparavant seule Magaly Hars avait obtenu le droit d’être engagée, en 2007 à Bangkok (THA), où la Dunkerquoise avait été porte drapeau de la délégation française (régulièrement les équipes de France masculines sont représentées NDLR).

Une participation aux Universiades pourrait être aussi un signal lancé en direction des gymnastes qui souhaitent poursuivre leur carrière, comme un stimulant dans cette direction, une reconnaissance également de l’engagement dans le double projet sportif et professionnel, et une belle option d’insertion. Ouvrir le champ des possibles pour chaque individu qu’il performe en junior ou bien plus tard, selon son propre rythme.


Le regard du coach

Sarah Salens : « Je me rends compte de la chance que j’ai eu de croiser une gymnaste comme Julia dès le début de ma carrière »

Après une carrière de gymnaste au pôle de Meaux, Sarah Salens a rejoint l’équipe des entraîneurs de ce pôle en août 2017, jusqu’en avril 2023, reprenant notamment l’entraînement à la poutre. Elle a entraîné Julia durant une saison, puis a accompagné l’équipe de Top 12 de Meaux Gymnastique où était licenciée Julia jusqu’en 2021. Elle revient sur les qualités de Julia et pose son regard sur la femme qu’elle est devenue.

Julia Forestier et Sarah Salens. Photo Anh Viet Chau

« Quand je suis arrivée à Meaux, Julia m’a tout de suite fait confiance, elle m’a prise au sérieux malgré mon jeune âge et finalement notre faible différence d’âge. Cela venait aussi de la confiance réciproque créée entre Nathalie, Eric, les gymnastes et moi.

J’avais une pression importante, je connaissais les enjeux de cette saison 2018 pour Julia. Je ne pouvais pas décevoir. Avec Nathalie, Julia était notre sujet principal de discussion.

Quand Julia est arrivée à la rentrée 2017, elle avait entamé sa puberté. Elle avait changé et ses qualités de bras avaient laissé place à une puissance au niveau des jambes. Il fallait lui apprendre à être tolérante avec elle-même, tout en gardant l’exigence nécessaire lorsque l’on vise une médaille européenne. On en avait tous conscience.

Julia est une gymnaste ultra coordonnée, avec des qualités physiques incroyables. C’est un vrai talent. Elle a toujours envie de travailler, mais elle prend les choses très à cœur. Il faut donc pouvoir l’accompagner émotionnellement, sur la confiance en elle, en plus de l’évolution technique.

Aujourd’hui je suis très fière de la femme qu’elle devient. Elle prône des valeurs qui sont encore très taboues dans la société, encore plus dans la gymnastique : comme le corps de la femme et l’image qu’elle renvoie. Dans notre milieu, quand tu réfléchies sur ce sujet soit tu sombres soit tu prônes. C’est très facile de sombrer. Elle a la force de prôner la tolérance. Tout cela vient probablement de sa propre expérience. 

Avec son retour, et ce qu’elle a présenté à Hénin Beaumont, elle démontre que l’épanouissement du corps et de l’esprit conditionnent la performance. On se trompe souvent de paradigme. On veut trop souvent faire croire que la performance rend heureux. Mais c’est ponctuel. Et quand tu ne performes plus alors tu sombres, parce que tu t’aperçois que ton bonheur ne tenait qu’à cela. 

Aujourd’hui je peux dire que quand on commence comme entraîneur tu as besoin de savoir ce vers quoi tu veux aller. Et quand tu commences par une gymnaste comme Julia, tu as l’image idéale de la gymnaste qui te guideras avec les générations suivantes. » 


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