Notre série américaine se poursuit. Après Shilese Jones, Spot Gym a rencontré Joscelyn Roberson lors d’un media Day organisé par la fédération américaine de gymnastique en marge du camp national de l’équipe féminine nationale. L’occasion pour elle de revenir sur sa blessure, sa relation avec Simone Biles, de sa préparation et de ses objectifs.
Tu es actuellement en pleine préparation olympique, la première de ta carrière, dis-nous en un peu plus. Que ressens-tu ? Comment te sens-tu ? Est-ce que tu réalises que tu t’entraînes pour les Jeux Olympiques ?
Joscelyn Roberson : Je me sens un peu stressée mais j’ai vraiment hâte. J’attends cette année olympique depuis si longtemps que j’ai l’impression d’avoir attendu depuis un million d’années et que cette année soit enfin là, c’est un peu fou. On commence à se préparer pour cette saison, on a l’impression que c’est comme n’importe quelle autre saison, mais au fond on se dit toujours ” Oh Mon Dieu, à la fin de la saison j’aimerais aller aux sélections olympiques et aux Jeux olympiques ! C’est assez fou mais je réfléchis au jour le jour et j’essaie de ne pas trop penser à l’avenir parce que je trouve que ça me rend nerveuse et que ça me déprime quand je rate une petite chose, alors j’essaie de penser au jour le jour.
Est-ce que c’est une année olympique que tu ciblais ?
Depuis super jeune, vers 8-9 ans je me disais ” Ok ce sera mon année”, je vais m’entraîner pour cette année. Et depuis ce moment-là, je comptais les années pour arriver à cette année !
Tu as eu une bonne préparation avec la saison dernière, comment te sens-tu ? Est-ce que tu as l’impression que tu as gagné confiance en toi ? Et compris comment fonctionne les compétitions au niveau international ?
Avec toute l’expérience que j’ai acquise l’année dernière, j’ai l’impression que ça m’a vraiment bien préparée pour cette année, j’ai l’impression d’avoir gagné beaucoup de confiance en moi l’année dernière et maintenant je sais vraiment comment fonctionnent les compétitions internationales. J’ai participé à des rencontres amicales, j’ai participé aux Championnats Panaméricains, aux championnats du monde, à une coupe du monde, donc j’ai vraiment compris comment se déroulent les compétitions internationales. Ce qu’il faut faire, comment se préparer, donc j’ai confiance en mes capacités cette année.
Tu as parlé des compétitions internationales, il y en a encore beaucoup qui vont arriver, est-ce que tu prévois de participer à l’une d’entre elles ? Est-ce que c’est quelque chose que tu as comme objectif ?
Alors suite à ma blessure (en finale équipe aux Championnats du monde 2023), je sais que je ne participerai pas à la Winter Cup donc je sais que ça enlève toutes les possibilités d’être sélectionnée pour les Coupes du Monde ou pour l’Allemagne (DTB Pokal). Après ces échéances, c’est toujours en suspens, mais je serai pour sûre prête pour les US Classics (fin mai 2024) et les Championnats Elite (en juin 2024).
Si on reparle un peu de ta blessure, si tu peux nous parler un peu de ton rétablissement. Est-ce que c’était un long processus ? Est-ce que tu as récupéré tous tes éléments ?
Je m’entraîne sur tous mes anciens éléments, c’est nouveau depuis la semaine dernière, j’ai retrouvé mon dernier élément. Cet élément m’a pris un peu plus de temps que les autres mais je suis complètement de retour. J’ai retrouvé tous mes éléments à la poutre,
je travaille toujours sur des réceptions sur des sols mous car on est encore tôt dans la saison mais je fais des acros sur la piste de tumbling, un peu au sol, je m’entraîne au saut et aux barres. Je dirais que je suis presque complètement de retour. Je suis pas encore prête à faire des mouvements complets je travaille dessus, mais ça a été un long processus. J’ai l’impression de n’avoir jamais vraiment été blessée avant, peut-être un ou deux jours mais jamais plus que ça Donc ça a été dur pour moi d’apprendre à être blessée,
c’était mon plus gros problème. Apprendre à ne pas aller au gymnase tous les jours,
en fin j’y allais tous les jours mais je ne faisais pas des éléments difficiles. Je suis passée d’un full-full au sol à simplement marcher J’ai donc eu du mal à comprendre cette dynamique et ce changement.
Tu t’entraînes au World Champion Centre, un gymnase qui a tellement de profondeur. Est-ce que tu penses que ça t’aide d’être entourée de gymnastes qui ont les mêmes objectifs que toi, et qui ont fait les Jeux Olympiques ?
Oui je pense que ça m’a beaucoup aidé ! J’ai l’impression que cela rend notre environnement et notre dynamique unique en son genre, parce que nous avons trois athlètes olympiques tous les jours à l’intérieur et en dehors du gymnase, et on a également des gymnastes du monde entier qui viennent s’entraîner avec nous pendant quelques semaines ou quelques jours c’est vraiment incroyable d’être là et de les observer, voir comment elles s’entraînent et comprendre ce qui leur a permis d’atteindre le niveau qu’elles ont aujourd’hui, donc je trouve que c’est vraiment unique.
Tu avais un lien avec Simone Biles avant même de la rencontrer, elle a découvert ton talent sur les réseaux sociaux. Et maintenant tu t’entraînes avec elle, comment votre relation s’est développée ? Il y a une grande différence d’âge, mais on a parlé à d’autres gymnastes de WCC qui nous ont dit que lorsque tu es au gymnase, finalement la différence d’âge a peu d’importance.
Je pense que la différence d’âge n’a pas beaucoup d’importance au gymnase, on travaille toutes pour les mêmes objectifs, on fait la même chose. Nos épreuves sont les mêmes. Apprendre à connaître Simone a été vraiment super ! On est super proches et le fait de la connaître depuis si jeune, je ne l’ai jamais connue personnellement mais je la connaissais et elle me connaissait de par ma video où je fais un Standing Full sur la poutre et on a pu se rencontrer. Voir à quel point elle était contente de me rencontrer c’était vraiment génial, j’étais si jeune et je me suis sentie vraiment spéciale et puis j’ai continué à m’améliorer en gymnastique et ensuite on se croisait de temps en temps, on prenait quelques photos mais quand j’ai déménagé ici, c’était vraiment cool de construire cette relation et de devenir amie avec elle, c’est vraiment génial. Et ceci étant donné le talent.
Compte tenu du talent des gymnastes plus expérimentées et des nouvelles comme toi, quand l’équipe olympique sera annoncée, penses-tu que ce sera une bonne équipe ? Est-ce que tu penses que ça peut être la meilleure équipe de tous les temps ?
Je pense que ce sera une des meilleures équipes que les Etats-Unis aient jamais eues et l’une des meilleures équipes que le monde ait jamais vues. donc ce sera vraiment cool à voir, je pense honnêtement que les États-Unis pourraient avoir trois équipeset elles seraient toutes extraordinaires. Le potentiel cette année est incroyable, ça ne ressemble à rien d’autre.
Aux Etats-Unis, il y a les épreuves olympiques américaines, contrairement à d’autres pays où ça se déroule à huis clos, comme par exemple en France ou en Grande Bretagne, aux Etats-Unis, c’est une grande compétition. Cette année, les sélections olympiques se dérouleront à Minneapolis, est-ce que c’est ton objectif ultime d’y participer ? Est-ce que tu penses aux compétitions que tu dois faire pour arriver aux Sélections Olympiques ?
Oui, les sélections olympiques (US Olympic Trials) sont la compétition la plus importante de l’année. Car si tu réussis les Sélections Olympiques, tu as réussi ! Bien sûr, il faut aussi faire de bons résultats aux Jeux olympiques, mais il s’agit surtout de garder son niveau et d’être propre et régulière, Mais pour les sélections olympiques, tu dois faire des mouvements les plus difficiles, tu essaies de t’améliorer Tu dois être la meilleure des meilleures. C’est vraiment difficile et le fait que cette compétitions soit diffusée à la Télévision c’est vraiment génial pour les fans et tous les gens qui regardent, j’ai l’impression que c’est nouveau. Je me souviens que lorsque j’étais plus jeune, les gymnastes allaient au Ranch, à huis clos en quelque sorte Je me souviens que lorsque j’étais plus jeune, les gymnastes allaient au Ranch, à huis clos en quelque sorte et de regarder et d’applaudir et c’est vraiment super amusant et je suis contente qu’ils le fassent de cette façon.
Tu as déjà parlé du fait que les barres n’étaient pas ton agrès fort, mais tu t’es vraiment améliorée depuis que tu t’entraînes à WCC avec Laurent, qu’est-ce qui a été différent ? Qu’est-ce que tu as travaillé pour améliorer tes barres et avoir des scores plus élevés ?
Nous avons essayé de faire la gymnastique la plus difficile que je puisse faire de façon régulière. Ce qui a été assez compliqué car je sais faire beaucoup d’éléments je n’arrive juste pas à les faire à chaque fois ce qui est ma plus grosse difficulté aux barres. Bien évidemment la technique et la forme viendront, mais être régulière aux barres a vraiment été compliqué pour moi, et je trouve que Laurent m’a beaucoup aidée et a changé mes barres d’une manière que je ne pensais même pas possible, donc c’est vraiment spécial de de travailler avec lui et j’ai vraiment hâte pour cette année.
Jusqu’à récemment, tu avais deux agrès forts, le sol et la poutre, tu fais maintenant deux sauts, notamment le Cheng c’est une chose très importante, surtout en compétition. Il n’y a pas beaucoup de gymnastes américaines qui font ça. Est-ce que tu as toujours cet objectif de faire deux sauts cette saison ? Est-ce que tu as recommencé à refaire des Cheng en entraînement depuis ta blessure ?
Honnêtement oui, je m’entraîne sur les deux sauts. Mon Cheng redevient comme avant ma blessure, c’est vraiment super. C’était vraiment dur de reprendre le saut, car m’élancer sur le tremplin me faisait encore très mal Donc maintenant que je peux le faire sans douleur c’est vraiment mieux, donc oui je m’entraîne sur les deux sauts et j’ai hâte pour la saison qui arrive.
Propos recueillis par LivieFromParis à Katy, au Texas
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