Elle vient d’apprendre qu’elle allait devoir quitter l’INSEP après deux saisons passées là-bas en raison de résultats insuffisants. Comment Janna Mouffok (17 ans) vit-elle cette situation ? Et comment envisage-t-elle l’avenir désormais ? Entretien.
Gym and News : Tu viens d’apprendre que tu devais quitter l’INSEP à la fin de la saison et de l’année scolaire, t’attendais-tu à ce départ ? Avais-tu été préalablement “mise en garde” ?
Janna Mouffok : Dès le mois d’août, j’ai eu la surprise d’apprendre que si je ne faisais pas mes points, je pouvais sortir avant la fin de l’année 2017. Ce fut un choc pour moi car la saison n’avait pas encore commencé. Cela m’a donc mis une pression énorme car si je ne faisais pas mes preuves, je pouvais sortir en cours de saison et surtout changer de lycée en cours d’année. C’était inconcevable pour moi ! Je suis en Première, j’ai mon bac de français, c’était une situation très perturbante pour moi. Mais cela n’avait pas l’air de les inquiéter en tout cas… J’étais donc préparer à quitter l’INSEP. De plus, je voyais bien qu’on ne croyait plus en moi. Je ne faisais plus partie du collectif France, j’étais même la seule à ne pas être qualifiée pour les France. Certaines étaient qualifiées sans même avoir fait les minima alors que moi j’ai dû faire mes points à la revue d’effectif.
Comment vis-tu ce départ ?
Je le vis bien. Je comprends leur décision et l’accepte totalement. (Janna a publié un post sur son compte Instagram précisant que même s’ils avaient décidé de la garder, elle aurait surement arrêté d’elle-même, NDLR).
Penses-tu continuer la gym avec ton club de Meaux la saison prochaine ?
Je n’ai pas encore abordé la question avec eux mais il est sûr que s’ils ont besoin de moi, je n’y verrais aucun inconvénient.
Que retiens-tu de toutes tes années dans le haut-niveau ?
Tous les bons moments que j’ai pu vivre, les compétitions, les stages, les rencontres, etc.
Dans un post publié samedi sur Instagram et dans lequel tu expliquais ton départ de l’INSEP, tu parles “d’un grand nombre de personnes malveillantes de la gym de haut-niveau qui ne vont pas te manquer”, à quoi fais-tu référence ?
Je fais référence à certaines personnes qui, au lieu de nous aider à sortir la tête de l’eau, nous ont enfoncées et même parfois blessées. Quand nous sommes en stage France et qu’on nous dit que nous ressemblons à des sacs à patates, ou alors qu’à la fin d’un test, devant tout le monde, on nous dit qu’on ressemble à des camionneurs ou quand une de nos copines se blesse, on nous dit d’arrêter de nous donner en spectacle car nous pleurons. On nous a également comparé à une secte et je passe le fait qu’on nous a dit qu’on était un pôle de boulet. On vous fait tout le temps montrer le bon côté des choses mais le sport de haut-niveau est rempli de vice et d’injustice.
Qu’est-ce qui va le plus te manquer à ton avis après ton départ de l’INSEP ?
Mes amis sans aucun doute !
Quels sont tes meilleurs souvenirs ?
Les championnats d’Europe à Bern, en 2016, mes tout premiers championnats de France, l’U15, etc. Il y en a tellement que je ne serais lequel choisir.
Qu’est-ce que la gym de haut-niveau t’auras appris ?
La gym m’aura appris à être persévérante et exigeante avec moi-même. Elle m’aura surement inculquée l’esprit de compétition aussi. Après l’année difficile que j’ai vécue, j’ai su ne rien lâcher et ne pas me laisser abattre. Je suis donc capable de franchir les obstacles qu’on met sur ma route pour réussir. Désormais une nouvelle vie commence pour moi avec plein de belles choses à vivre.
Comment as-tu fait pour ne pas baisser les bras et pour continuer à aller t’entraîner malgré cette année difficile ?
Déjà j’ai eu des supers entraîneurs qui ont réussi à ne pas m’enlever l’envie d’aller à la gym. Et puis j’avais soif de vengeance aussi.
Comment as-tu vécu le départ de Hong et JianFu ?
La veille de la revue d’effectif, on nous annonçait le départ de nos entraîneurs et j’avoue que cela a été compliqué à gérer car même s’ils se sont occupés de moi seulement une demi-année, c’était vraiment de bons entraîneurs et ils étaient très attachants.
Quel bilan tires-tu de tes championnats de France élite ?
Je suis déçue de ma compétition. Même si ce n’était pas catastrophique, j’aurais aimé finir sur quelque chose de bien.
Appréhendes-tu un peu le retour à la vie normale ?
Oui j’appréhende un peu le retour à la vie normale. J’ai quitté ma ville depuis toute petite, je ne connais personne et depuis l’âge de 10 ans, je ne fais pas plus de 4 heures de cours par jour. Mais je pense que je vais quand même être capable de m’adapter à ma nouvelle vie.
As-tu un regret ?
Non, je ne regrette absolument rien. Mes réussites comme les bêtises me serviront pour plus tard.
Propos recueillis par Charlotte Laroche
Revivez la prestation de Janna aux championnats de France élite de Caen :