
[HISTOIRE DE CONFINEMENT – ÉPISODE 7] Voilà un mois et demi déjà que les Français sont confinés et que le sport est à l’arrêt. Depuis l’annonce du confinement, les clubs et les pôles se sont alors organisés, avec les moyens dont ils disposent, afin de permettre à leurs gyms de continuer de s’entraîner à la maison. À Meaux, un programme bien ficelé a été mis en place par les entraîneurs. Décryptage d’un confinement collectif, mais à distance, rendu possible grâce à la visio, et où la créativité et l’engagement de tous permettent de rompre avec la lassitude.
Le Pôle de Meaux, c’est 8 gymnastes féminines qui s’entraînent habituellement environ 6 heures par jour, du lundi au vendredi. Alors forcément, le confinement modifie les habitudes de chacune. Ainsi que celles des entraîneurs. Situation inédite qu’est cette rupture nette d’entraînement, il a donc fallu s’adapter. Et vite. D’autant plus qu’à l’origine, avant que le confinement total soit annoncé, le pôle était censé rester ouvert… Mais rapidement les choses se sont accélérées et les nouvelles mesures gouvernementales prises en quelques jours sont venues tout chambouler. “Le vendredi, juste avant l’annonce du confinement général, les premières annonces gouvernementales indiquaient que seul l’INSEP allait fermer” , explique Eric Besson, le directeur technique du pôle. “Alors quand le vendredi soir, les gyms sont rentrées chez elles après l’entraînement, on leur a juste dit ‘Bon week-end et à lundi’ ! Nous étions persuadés les revoir dès le lundi. Mais finalement, de nouvelles annonces ont été faites pendant le week-end et il avait été décidé que toutes les structures devaient fermer. Nous avons donc dû nous organiser mais je ne cache pas que nous avons été pris de cours.”
Gyms et entraîneurs n’allaient donc finalement pas se revoir de sitôt. L’heure était donc à l’organisation. “On a eu un petit retard à l’allumage du fait de la précipitation des choses” , précise Eric Besson avant d’ajouter : “Il nous a fallu une semaine pour que tout se mette en place. J’ai également envoyé un peu de matériel aux filles par la Poste et nous avons ensuite travaillé sur les programmes avec un suivi biquotidien qui s’est mis en place dès la deuxième semaine.”
Une nouvelle organisation s’est alors dessinée avec deux entraînements par jour. Le premier a lieu le matin, à 10h, et le second, en tout début d’après-midi, à 14h. Deux entraînements collectifs, en visio, orchestrés par un intervenant sur chaque séance. Au total 5 intervenants sont en contact permanent avec les gyms : les trois entraîneurs du pôle, Eric Besson, Sarah Salens et Emmanuel Domingues ; ainsi qu’un kiné et une chorégraphe. Un encadrement soudé et solidaire pour gérer au mieux cette période de crise sanitaire avec des jeunes gyms qui, du jour au lendemain, ont perdu tout repère.
Chaque semaine, un intervenant est en charge de deux séances. Au programme ? Préparation physique pure, chorégraphie, cardio, kiné préventive, travail sur les alignements, travail sur les barres au sol, etc. Un programme riche et varié qui permet de rompre au maximum avec la lassitude qui pourrait vite s’installer en ces temps de confinement et ainsi offrir un suivi complet aux gyms afin qu’elles soient prêtes pour la reprise. Cette reprise tant espérée mais qui peine à arriver et sur laquelle plane un gros doute quant à la date de réouverture de la salle. Cette salle qu’elles côtoient habituellement tous les jours. Ce retour à la salle d’entraînement qui leur permettra de remonter sur les agrès. Mais pour l’heure, tout ceci n’est pas encore à l’ordre du jour. Alors chaque gym s’entraîne, à domicile, avec beaucoup de sérieux.
En parallèle de ces entraînements collectifs, les huit gyms ont également un travail personnel à réaliser. “On profite de ce confinement pour faire un gros travail de souplesse, avec une évaluation par semaine” , éclaire Eric Besson. “Chaque lundi, chaque gym nous envoie une photo dans des situations précises et cela nous permet d’évaluer où elles en sont.”
Le confinement est en effet l’occasion de travailler plus spécifiquement sur d’autres choses. L’un des points positifs de cette situation si inédite pour tous. “Les filles vont perdre sur le plan technique et sur le plan des repères sur les agrès, c’est normal et on ne peut rien y faire. Par contre on a souhaité les sensibiliser sur le principe que cette période de confinement va leur permettre de gagner sur d’autres domaines. Des choses sur lesquelles nous avons moins le temps de travailler en temps normal. Donc nous insistons sur le travail spécifique de certains aspects comme l’amplitude articulaire, le travail des abdos profonds ou encore la souplesse. Sur ce dernier point, elles doivent être meilleures à la fin du confinement” , analyse-t-il.
Avant chaque cour collectif, les gyms reçoivent un programme accompagné de quelques indications. “Par exemple, elles savent si elles vont avoir besoin d’un grand espace ou pas, si elles vont avoir besoin d’un mur, d’un tapis” , explique Eric Besson. L’occasion pour toutes de se préparer au mieux à leur entraînement biquotidien et d’être dans des conditions optimales à l’instant T, sans être gênées par de possibles parasites liés à l’organisation. Des entraînements collectifs, en visio, qui permettent également de créer une vraie dynamique. “Cela leur permet également de conserver une rigueur d’entraînement avec des horaires et des rendez-vous fixes” , éclaire Eric Besson. Une bonne manière en effet pour les gyms qui ont l’habitude d’avoir des journées bien organisées, avec des plages horaires bien définies et qui s’étalent sur l’ensemble de la journée, de conserver une certaine rigueur et de ne pas chambouler l’ensemble de leurs habitudes en un claquement de doigt.
Des cours collectifs qui sont également suivis par trois possibles futures jeunes recrues. Un choix du staff meldois qui leur permet ainsi de les intégrer progressivement au reste du groupe. Au total, ce sont donc 11 gymnastes qui se retrouvent à s’entraîner depuis leur domicile, avec le soutien de leurs parents, associés à cette période si particulière, et en lien permanent avec les entraîneurs via un groupe Whatsapp créé spécialement pour l’occasion et où tout le monde peut échanger.
Si la gym occupe une place centrale dans leur quotidien, les cours ne sont pour autant pas oubliés. Ni laissés de côté. Chaque gym dispose en effet de plusieurs créneaux dans la journée pour travailler et réviser. “Pendant une semaine, on a également souhaité faire un break” , confie Eric Besson. “Les gyms ont juste eu un petit programme de préparation physique à faire et les cours en visio ont été suspendus durant cette semaine de break. Cela leur permet ainsi de se concentrer un peu plus sur l’école durant cette semaine off.”
Quant aux cours proposés chaque jour par le staff meldois, ils sont préparés en amont par chaque intervenant, particulièrement impliqué depuis le début de la crise sanitaire. “Il y a une réelle préparation qui est faite avec beaucoup de dévouement de la part de chacun afin que chaque intervention pédagogique soit de qualité. Un vrai système a été mis en place afin de gérer au mieux ce confinement. Les filles sont aussi très investies, elles ne décrochent pas et je suis vraiment satisfait” , sourit-il avant de conclure. “Il y a un mois, j’étais loin d’imaginer avoir un tel degré de satisfaction. Alors certes la reprise sera dure mais avec tout ce qui a été mis en place, on va pouvoir travailler dans de bonnes conditions.”
Charlotte Laroche