Il est l’un des plus âgé du circuit international et fait toujours partie du Top 10 mondial aux arçons. Vice-champion olympique aux arçons à Pékin en 2008 et multi-médaillé international, le croate Filip Ude était finaliste sur son agrès de prédilection lors de la dernière coupe du monde de Paris, plus communément appelée “Les Nouveaux Internationaux de France”. Quel bilan fait-il de sa compétition ? Quel est son secret de longévité ? Et que pense-t-il de l’ambiance si particulière de Bercy ? Il se confie.
Spot Gym : Filip, qu’avez-vous pensé de vos internationaux de Paris 2022 ?
Filip Ude : Ce fut la première fois depuis 4 ans que je revenais ici en compétition. Le samedi, c’était vraiment bien, meilleur que pendant l’entraînement d’ailleurs. Mais le dimanche, je n’avais pas le temps d’avoir assez récupéré, je me sentais plus faible. Comme tous les jours de finale, on a moins d’énergie, donc aujourd’hui, c’était plus difficile. Je n’ai pas fait de grosses erreurs, mais je n’étais pas au maximum de mon niveau non plus.
On vous a vu un peu en difficulté sur la fin de votre mouvement en finale, c’était dû à la fatigue ?
Je ne suis plus tout jeune et le fait d’enchaîner une journée de qualification puis une journée de finale est plus difficile à 36 ans qu’à 20 ans. Moi, j’ai besoin de plus qu’un jour de récupération (Rires). Mais je suis tout de même satisfait.
Qu’avez-vous pensé de l’ambiance ici à Bercy ?
C’est vraiment la meilleure coupe du monde (rires). J’avais déjà participé en 2011 et en 2012. Et en 2022, rien n’a changé. C’est une immense Arena dédiée sur l’événement à la gymnastique. Le ressenti est unique. Je n’ai jamais vu ça ailleurs. Tous les gens ici aiment la gymnastique, les enfants, les adultes, et cela se ressent quand on est en bas sur le plateau de compétition. C’est vraiment génial.
Vous avez 36 ans, quel est votre secret pour performer encore à cet âge dans la gymnastique internationale ?
Tu peux protéger ta tête, ton moral, mais le corps lui peut lâcher. Je me suis cassé la jambe, j’ai eu des blessures. Par exemple, aux qualifications à Tokyo avant Stuttgart, je m’étais cassé la jambe. Quand j’ai décidé de reprendre, j’ai préféré ne faire plus que le cheval d’arçon pour m’adapter à mon âge et à mon corps. C’est mon meilleur agrès. Mais je sais que pour me qualifier pour Paris, je dois faire les quatre. Pour l’instant, je suis en capacité d’en faire 3. Donc l’objectif, c’est d’en ajouter un de plus. Après, c’est vrai que c’est plus dur que pour des jeunes, et c’est aussi d’être en compétition contre eux. Mais j’ai de l’expérience, j’ai de la technique et j’ai un nom. Et je pense qu’avec un peu de chance tout sera possible.
On peut donc en déduire que votre dernier objectif est d’aller aux Jeux de Paris en 2024 ?
Je ne sais pas vraiment. Tout le monde me demande « jusqu’à quand ? », « Jusqu’à quand on va te voir en compétition ? ». Mais pour moi, le plus important est que quand je me lève le matin, si je n’ai pas de douleur, que ma tête va bien, alors je peux continuer. Actuellement, je suis dans le Top 10 mondial. Je continue à sortir en compétition, à aller à l’entraînement. En gymnastique quand tu t’arrêtes, c’est très dur de reprendre. Je continue donc à travailler dans la régularité, car je veux continuer et espérer pouvoir aller jusqu’à Paris en 2024. Et sur le plus court terme, j’attends les Mondiaux de Liverpool. Mais si dans 4 ans ma tête veut encore aller en compétition, et bien, j’irai. C’est ainsi que je veux continuer ma carrière.
Propos recueillis par Charlotte Laroche, à Bercy
Traduction Océane Michel