Ils sont méconnus du grand public mais partagent tous la même passion pour la gymnastique. Portrait de club : la rubrique qui part à la rencontre des passionné.es.
Fanny George est une enfant de Strasbourg GRS. D’abord gymnaste de haut niveau , elle y est aujourd’hui entraîneur aux côtés de coachs de renom, qui l’ont formée. Si la jeune femme ne fait plus de compétition aujourd’hui, elle continue de performer sur scène et sur les réseaux, lui offrant ainsi une possibilité de continuer sa passion. Mais comment la GR est entrée dans la vie de cette passionnée inconditionnelle qui, petite, ne faisait que de l’équitation ?
Fanny George découvre la gymnastique rythmique grâce à sa soeur qui avait commencé à pratiquer avant elle : « J‘étais très jalouse parce qu’à chaque fois qu’on allait la chercher aux entraînements, elle avait l’air de s’amuser beaucoup plus que moi au cheval », raconte-t-elle en souriant. À sept ans, elle entre au club de Strasbourg GRS qui, à l’époque était en partenariat avec le pôle de Strasbourg. Les entraîneurs du pôle venaient donc régulièrement au club pour repérer les profils à potentiel et c’est là qu’on découvre la jeune Fanny qui entre très rapidement au centre régional.
Elle n’entrera finalement jamais au pôle, bien qu’elle ait été sollicitée : « mes parents ne voulaient pas me changer d’établissement et puis moi, ça me faisait flipper un peu, je n’étais pas très courageuse. Le centre régional était un bon intermédiaire. Il n’y a pas d’horaires aménagés, on s’entraînait douze heures par semaine, l’équivalent de ce que les filles font aujourd’hui au club », explique-t-elle. Néanmoins, la proximité des deux structures lui a permis de participer à des coupes de France et de travailler avec les gymnastes du pôle, ce qui ne pourrait plus réellement être le cas maintenant. Elle a été entraînée principalement par deux figures de la gymnastique française : Renée Lelin à ses débuts et Laurence Auerswald durant les trois quarts de sa carrière.
Les titres s’enchaînent alors pour la Strasbourgeoise : Championne de France Nationale A (anciennement intitulée Nationale B) junior, Vice-Championne de France en Nationale B sénior, l’or encore en DN1 et en coupe de France. Elle évolue en tandem avec sa soeur jumelle Noémie.
La force du club de Strasbourg, c’est son âme artistique insufflée par Laurence Auerswald ; un développement que Fanny George chérit particulièrement : « on essaye de garder cette veine. Lorsqu’on organise les stages de rentrée, on fait venir à chaque fois des profs de danse, de musique. Comme j’ai été intermittente du spectacle pendant dix ans, j’ai quelques contacts à Strasbourg qui participent et enrichissent notre travail ». En effet, sa carrière sportive terminée, Fanny George entre dans une faculté d’arts du spectacle, option danse. Elle y découvre la danse contemporaine, un coup de coeur qui lui donne envie de prendre des cours au centre chorégraphique de Strasbourg en jazz et en classique.
La danse finalement, c’est ce qui lui a permis de démarrer une nouvelle carrière, une nouvelle passion. « Notre professeur de classique au centre régional, Dominique Charlier qui était première danseuse à l’opéra de Stuttgart, connaissait très bien le milieu artistique strasbourgeois. Une année par hasard, une danseuse qui devait faire un spectacle à la cathédrale de Strasbourg est tombée enceinte et une autre est partie en dernière minute à Paris. Il manquait donc deux danseuses. C’est alors que notre prof de danse nous a proposé d’auditionner pour ce spectacle avec ma frangine. Le chorégraphe est venu au CREPS. Nous, on était toutes intimidées. On a dû faire une impro et, au final, c’est comme ça qu’on a mis le pied dedans », se souvient-elle précisant « Strasbourg, c’est un village, quand tu commences à connaître les gens, c’est vraiment plus simple qu’à Paris, où tu dois passer cent quinze millions d’auditions. Moi, j’ai passé trois auditions dans toute ma vie, pas plus ». Encouragées par ce chorégraphe, elle et sa soeur se lancent dans l’intermittence et multiplient les projets en tant que danseuses et chorégraphes durant dix ans.
Très attachée à Strasbourg et à ce qu’elle y a créé, l’ex-gymnaste n’a jamais voulu quitter sa ville pour auditionner ailleurs. Elle se remémore différents événements : « J’ai adoré travailler avec une compagnie de danse aérienne qui s’appelle Motus Modules avec qui j’ai fait des événements. Je me souviens par exemple avoir fait un truc pour l’inauguration de la nouvelle Volkswagen. J’ai bossé aussi pour la compagnie Ecuidess avec des chevaux, ce n’était pas de la voltige mais plutôt un travail avec des chevaux en liberté. Et j’ai eu la chance aussi, pour un petit clip, d’aller chez Mario Luraschi qui fait beaucoup de cascades à cheval pour le cinéma. C’était hyper impressionnant de voir son travail ».
Puis la pandémie couplée à un besoin de stabilité dans sa vie privée l’ont fait accepter la proposition du président du club de Strasbourg de devenir salariée de l’association pour laquelle elle continuait de travailler bénévolement depuis ses dix-sept ans. Fanny s’occupe principalement de la formation des petites : CF3, CF4 et Nationales 7-9 et donne des cours de danse aux plus grandes. Depuis peu, elle a rejoint l’équipe d’entraîneurs du pré-pôle, géré désormais par Strasbourg GRS. Elle se réjouit de faire aujourd’hui partie de cette équipe dans son club d’enfance et compte y rester encore longtemps : « Je pense que je vais rester là toute ma vie. Ce qui est cool dans le club, c’est que chacune a sa mission, mais on se conseille et on échange parfois nos rôles, c’est ce qui me plait. On est une équipe qui s’entend bien. On a tous la même direction de travail, même si on n’a plus de directrice technique depuis un moment, et ça ferait du bien parfois pour la dynamique ».
En plus des vingt-cinq heures qu’elle consacre à la GR, Fanny George donne des cours de danse à l’association Génération cirque qui organise des stages scolaires, mettant quelque peu de côté les projets artistiques : « ça me manque un peu, mais ça va. Je n’ai pas trop envie de m’appesantir sur ce qui me manque. Il y a plein de trucs qui me plaisent à côté. Je me focalise sur ça », confie t-elle. Enfin, elle intervient au Ballet Nautique de Strasbourg sur des filles en horaires aménagés. Pouvoir sortir de la gymnastique lui permet de s’inspirer des différentes méthodes employées, des différentes disciplines et professionnels, pour les réinvestir au club.
Son travail et ses créations, Fanny George les partage régulièrement sur les réseaux afin de garder des traces de ses expérimentations. « C’était pratique quand j’étais intermittente ; ça me donnait de la visibilité et ça me faisait bosser. Là j’ai encore des petites propositions de shooting », déclare-t-elle ajoutant : « Je suis assez psychorigide avec mon insta, par exemple, je ne veux pas avoir plus de trois cent soixante cinq publications. On va me prendre pour une tarée, soit, je les trie et j’archive tout et quand je les consulte, ça m’arrive de réutiliser des choses dans ma planification que j’avais complètement oubliées. C’est un peu comme un journal virtuel. Et puis ça entretient mon petit côté nostalgique ». Dans une pièce qu’elle a aménagée chez elle en salle de danse, la jeune femme teste une grande partie de ses exercices sur elle, ce qui permet aussi de voir ce qui fonctionne ou non et ce qui la maintient en forme : « Alors je ne fais plus les exercices pour les filles qui se tordent en deux, mais j’en ai besoin, c’est physique. Et puis, je crois que comme ma frangine, je préfère le processus de l’entraînement aux compétitions. J’ai plus kiffé faire du spectacle. Par contre, j’ai préféré m’entraîner pour des compétition que répéter pour des spectacles. C’est plus pointu. Dans le spectacle, tu peux vite devenir moins rigoureux, mais bien sûr ça dépend pour qui tu travailles », détaille-t-elle.
Entre danse et GR, Fanny George est un élément de qualité pour le club de Strasbourg. Rigoureuse et inventive, elle renforce l’excellente équipe d’entraîneurs en place, promettant au club une réussite durable.