La liste officielle des ensembles Division Nationale (DN) 1-2-3-4 qualifiés aux Championnats de France est tombée. Plus d’espoir d’être présents à Mulhouse à la fin du mois pour les ensembles phares des cinq clubs qui ont rencontré des soucis d’engagements fin mars. Ballainvilliers, Caen, La Colle sur Loup, Illkirch et Rezé sont désormais contraints d’attendre la saison prochaine pour espérer participer aux finales nationales. Mais que s’est-il donc réellement passé lors des inscriptions des ensembles pour arriver à ce cas de figure malheureux pour les gymnastes, qui se retrouvent privées de championnats de France ? Le point.

C’est à la sortie des listes d’engagement début mars que six clubs français se rendent compte que leur ensemble Division Nationale 3 – 4 en est absent. On pense à un oubli ou à une erreur de la fédération qui sera facilement réglée, mais il s’avère très vite que la situation est bien plus complexe.  

Un changement de procédure d’engagement
Habituellement, les engagements se font via EngaGym, une plateforme en ligne de la fédération. Or, cette année, la procédure d’engagement des ensembles de Division Nationale a été modifiée et plusieurs clubs n’ont pas eu écho de ces changements. C’est le cas d’Illkirch, club situé dans le Bas-Rhin : « Nous avons manqué le mail d’information concernant la date d’engagement et le dossier à remplir. Nous n’étions pas au courant de cette procédure d’engagement par mail malheureusement et nous pensions réaliser les engagements comme pour toutes les autres équipes via la FFGym », explique le club. Lorsque les listes nominatives sortent, l’entraîneur surpris de leur parution contacte la responsable de la région Grand Est : « L’annonce fut directe et très dure à digérer : notre équipe DN 3 – 4 n’est pas engagée et ne pourra plus l’être cette saison », raconte-t-elle ajoutant, « double peine pour moi, car je suis entraîneur et gymnaste de cette équipe DN ». Le club de Ballainvilliers, lui n’a appris que le lundi de la région que sa DN n’était pas inscrite.

Laure Soudrain, l’entraîneur principal de Rezé GRS, un des clubs ayant manqué l’inscription également, nous raconte comment le club nantais a vécu ce problème : « C’est le président qui s’occupe toujours des engagements et jamais il n’y a eu de problèmes ». Lorsqu’ils découvrent qu’ils ne sont pas inscrits, Rezé envoie un justificatif prouvant qu’ils ont réalisé les engagements comme d’habitude sur EngaGym. La secrétaire du comité régional acquiesce les rassurant. « On n’a pas eu de nouvelles ensuite, donc on s’est dit que c’était réglé ». Laure et sa DN continuent les entraînements jusqu’à ce qu’à la fin du mois de mars, on leur annonce qu’ils n’ont pas suivi la procédure selon la lettre de la fédération datant du mois de novembre et que leur DN n’est pas engagée au niveau national. Sauf que cette lettre, Rezé ne l’a jamais reçue.

C’est en fait le comité régional qui reçoit les informations de la fédération et qui, théoriquement, a pour mission de les rediffuser aux clubs. Cependant cette fois, il est passé à côté de l’importante lettre et ne l’a pas fait. « D’autres gros clubs comme la Nantaise ont dû avoir l’information via leurs contacts, mais nous on ne connait personne capable de nous informer au sein de la fédération, ni même en mesure de nous aider », regrette Laure.

La lettre intitulée « Novembre 2022 » avait pour thème la nouvelle procédure d’engagement pour les ensembles DN et la Coupe des clubs qui avait lieu en janvier. Il faut reconnaitre qu’un tel titre n’était peut-être pas assez clair pour un sujet si important. Le comité régional du Pays de la Loire, confus, a reconnu ne pas avoir relayé cette lettre.
Pour les Rezéennes, c’est le coup de massue : « On aurait eu un drame familial, c’était pareil, on était inconsolables ».

Un constat similaire, mais des cas en vérité très différents
Rezé apprend que d’autres clubs, comme eux, n’ont pas été engagés. Laure Soudrain a alors l’idée de les contacter : « Caen était dans le même cas que nous. Les autres clubs aussi n’étaient pas engagés, mais leur situation est différente puisqu’ils ont reçu la lettre ». Pour Laure, les cas sont plus ou moins défendables, mais quoiqu’il en soit il y a eu selon elle, un réel problème de communication et de clarté d’information. À son initiative, les différents clubs décident de se rassembler et de tenter leur chance collectivement en envoyant un courrier commun à tous les contacts de la fédération qu’ils trouvent. « Être ensemble nous a fait du bien », confie Laure. 

Seul le club de Metz, qui n’apparaissait pas dans les listes aussi, n’a pas rejoint le petit groupe, ne voulant pas faire de vagues. Son équipe a été ajoutée à la liste des engagées début avril. L’entraîneur de Metz s’est rendue compte deux jours après la fermeture des engagements que ceux-ci n’avaient pas été faits. Elle alerte donc le 2 février la fédération qui régularise l’affaire avec la bonne procédure. Si la DN de Metz n’apparaissait pas dans la première liste début mars, ce fut simplement que l’information n’avait pas été transmise au sein des administrateurs de la fédération. L’erreur a été gommée par la suite, d’où leur apparition sur la deuxième liste. 

Pour Rezé, qu’autant d’ensembles se retrouvent privés de compétition signifie qu’il y a eu soit un problème de diffusion au sein de la fédération, soit au sein des comités et que dans tous les cas, cela n’est pas de leur ressort. Pourtant, le retour de la fédération est clair. Bien que comprenant les efforts fournis et les espoirs déçus, elle se doit de faire appliquer les règles. Elle ajoute de plus que chaque année, ce type de problème arrive.
Abattue, Laure déplore : « on n’est pas entendu du côté humain, il n’y a que le règlement, que je comprends, mais une DN ça demande un énorme boulot. On, ne savait pas pour cette nouvelle procédure et cela n’était pas notifié dans la brochure technique ». 

Rezé GRS lanceur d’alerte
Le club de la banlieue nantaise ayant tout tenté se dit que partager son histoire sur les réseaux sociaux pourra peut-être faire briller une lueur d’espoir. « On ne veut pas de scandale, on ne dénonce personne, c’est le cri du désespoir », déclare Laure. Pour beaucoup, ajouter six noms à une liste n’aurait pas demandé tant d’efforts, d’autant plus que les quotas seraient restés à douze par catégorie et que tout se serait joué lors des qualifications. 

Si les clubs et certains comités ont leur part de responsabilité dans cette affaire, cette situation n’en reste pas moins malheureusement pour les gymnastes qui perdent beaucoup : de nombreux frais engagés (licences, inscriptions, justaucorps), un important travail engagé, pour certaines depuis le mois de septembre pour leur dernière année de carrière, mais surtout un rêve envolé : « C’est hyper dur à entendre, on a déjà tant de problèmes. Même si c’est en partie notre faute, ça me donne envie de jeter l’éponge », avoue Laure. 

Les cinq DN restées sur la touche ont pu présenter en démonstration leur exercice lors de la compétition régionale, une petite compensation non sans les larmes des gymnastes : « nous ne sommes même pas appelées au palmarès malgré nos bons résultats », raconte l’entraîneur d’Illkirch. 

Si les appels au secours des différents clubs n’ont finalement pas été fructueux, la mise en avant de leur problème d’engagement aura toutefois apporté un coup de projecteur sur ces clubs et ce problème, montrant aussi la disparité entre les différents comités régionaux.


Liste des DN qualifiées

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