Emma Brochard quitte l’ensemble France : “Ce n’était pas vraiment ma décision”

Emma Brochard
Source : Instagram d'Emma Brochard (@brochard_emma)

C’est sur ses réseaux qu’Emma Brochard a annoncé la nouvelle : “Je n’ai pas vraiment abordé le sujet, je n’en ai parlé que brièvement mais je pense que tout le monde l’a compris : je ne fais plus partie de la team France“. La gymnaste originaire d’Alsace a décidé de tirer un trait sur la GR après de nombreuses années de haut niveau et deux ans passés au sein du collectif France. Revenons aujourd’hui avec elle sur son parcours, les raisons de son arrêt mais surtout sur le quotidien de l’ensemble France, de la vie à l’INSEP à la stratégie d’entraînement.

Une histoire qui a débuté tôt

Emma a commencé la gymnastique rythmique très jeune. À trois ans, ses parents qui voulaient que la petite fille fasse du sport, l’inscrivent au club de Brumath, non loin de Strasbourg dans la section GR. Elle aurait très bien pu faire une autre discipline, mais celle-ci concordait avec l’emploi du temps des parents. Une chance, car Emma se passionne pour ce sport et est très vite repérée par le pôle de Strasbourg. D’une journée par semaine au CREPS en CE1, elle entre l’année suivante en classe aménagée. Elle restera huit ans au pôle avant d’intégrer l’équipe de France en août 2021, pour son année de seconde.

C’est à la suite de stages et de divers tests qu’Emma apprend qu’elle est reçue à l’INSEP : “Géraldine Miche avait appelé Oxana Kinne, mon entraîneur. Elle est descendue très contente me l’annoncer. Il y a avait toutes les filles du pôle qui étaient super heureuses pour moi“, se souvient-elle, ravie de cette nouvelle, bien que cela n’était pas dans ses plans de départ : “même si à mes débuts mon rêve était de performer en individuel, l’ensemble ça me disait aussi et franchement je pense que c’était la meilleure chose“.

L’INSEP, une expérience enrichissante avec beaucoup d’adaptation

La journée type des gymnastes de l’INSEP se déroule ainsi : deux heures de cours le matin et deux heures de cours l’après midi, trois jours par semaine. L’après-midi du mercredi est réservée aux devoirs sur table et le vendredi, les jeunes filles vont cinq heures en cours, mais au lycée à l’extérieur de l’INSEP où elles sont rattachées afin de faire les travaux pratiques. Elles bénéficient de cours de rattrapages 45 minutes avant les cours de l’après midi, lorsque les échéances sportives leur ont fait manquer des heures d’apprentissage. Sur le plan sportif, les gymnastes de l’ensemble s’entraînent trois heures et demi le matin et autant l’après midi. Au programme : échauffement en première partie de journée et travail d’un ou deux engins ensuite, puis cours de danse l’après midi, suivi encore du travail des enchaînements.

Comme la plupart des gymnastes qui entrent dans l’ensemble France, Emma Brochard n’avait jamais fait d’ensemble avant son arrivée à l’INSEP. Une accommodation compliquée dans un premier temps, mais la jeune fille s’est vite fait au travail d’équipe et au rythme intense : “Mes deux années à l’INSEP se sont plutôt bien passées. On avait plus d’heures d’entraînement qu’au pôle, c’est vrai, mais le travail aussi était complètement différent. Ce n’était pas les mêmes entraîneurs, certes, mais surtout c’était de l’ensemble. Et même les cours de danse avec Greg changeaient de ce que je connaissais à Strasbourg“, explique Emma.

Cela n’était pas tout. Les entraîneurs qui venaient de reprendre en main l’ensemble France ne parlaient alors pas français. Difficile pour Emma qui n’avait jamais fait d’espagnol de les comprendre. Néanmoins la bienveillance d’Anna Baranova et de Sara Bayon ont permis à la gymnaste de se sentir à l’aise et même d’apprendre un peu l’espagnol. “Elles savent vraiment ce qu’elles font. L’une va compléter l’autre, cherchant le meilleur pour nous. Même si parfois c’est dur et c’est normal, elles sont vraiment là pour nous“, déclare-t-elle.

Pour la première fois, Emma a connu l’internat en déménageant à Paris. Une nouvelle vie, qui ne lui a pas déplu : “Pas de soucis à ce niveau là. Des surveillants sont là au besoin, on a un appel à 22h pour rentrer dans nos chambres, mais sinon on est libre de faire ce qu’on veut. J’appelais souvent mes parents le soir et on rentrait une fois par mois au moment des compétitions que faisait l’équipe titulaire“.

Faire partie de l’équipe remplaçante, honneur ou frustration ?

Emma a toujours fait partie de l’équipe remplaçante et n’a donc fait en deux ans qu’une compétition, les gymnasiades en mai 2022. Une belle expérience qu’elle retient avec les nombreux galas et spectacles auxquels elle a participé. Le système qu’ont apporté les entraîneurs espagnoles, consistant à travailler avec deux ensembles côte à côte est certainement ce qu’il y a de mieux pour la réussite de la France en compétition, et les résultats sont notables depuis leur arrivée. Cela permet à chaque gymnaste de donner le meilleur d’elle même, mais aussi de palier à tout incident, comme ce fut le cas à Thiais au printemps dernier lors de la blessure d’Aïnhoa Dot-Espinosa. Pour autant, on peut comprendre la frustration que cela engendre chez les filles qui font partie de cette seconde équipe de l’ombre. Emma Brochard explique : “Parfois, c’est compliqué parce qu’on fait toutes exactement les mêmes entraînements, mais on sait qu’on est là si jamais elles ont besoin, s’il y en a une qui se blesse”. Elle complète : “On est ensemble jusqu’à la fin de l’échauffement, c’est au moment de prendre l’engin qu’on se divise, mais le même temps est accordé à toutes. Même si c’est dans l’équipe remplaçante, c’est super de travailler là“. Et lorsqu’on demande à l’ex-membre de l’ensemble France comment les entraîneurs justifient le rôle de titulaire d’une gymnaste, celle-ci répond honnêtement : “Elles n’ont pas besoin de le justifier. Ça se voit à l’entraînement lorsqu’on travaille toutes ensemble. Elles ont choisi des filles avec qui il y a une belle harmonie quand elles passent“.

Emma retient beaucoup de positif de ces années d’élite : “C’était une expérience superbe. Ça m’a rendue plus forte. Maintenant, je sais ce que je veux et je travaillerai beaucoup pour y arriver grâce à la GR“. Proche des filles de l’équipe, elle a créé de bons liens, soulignant la bonne entente entre toutes les filles : “Hors entraînement, on est toujours ensemble, aussi bien les deux équipes”. Elle ajoute : “Et même lorsque les filles étaient en compétition, elles partaient généralement le mercredi donc les entraîneurs nous donnaient un programme à suivre en leur absence. C’est Grégory qui était avec nous pendant ce temps et qui nous faisait travailler. On envoyait ensuite les vidéos aux entraîneurs. On n’était pas mises de côté”.

Gala France Thiais
Le collectif France en Gala des internationaux de Thiais

Une nouvelle vie sans GR

Bien qu’Emma révèle ne voir aucun point négatif à son passage à l’INSEP, elle déclare : “Ce n’était pas vraiment ma décision, mais je commençais durant l’année à ne plus m’épanouir à l’entraînement, je n’aimais plus faire de la GR. Peut-être que cela s’est ressenti dans mon travail et que les entraîneurs ont choisi de m’écarter“. Si la décision fut dure à entendre les premiers jours, elle ressentait au fond d’elle que tout cela ne lui plaisait plus.

Venant d’obtenir de beaux résultats à son BAC de français, Emma sera à la rentrée en terminale dans un cursus standard en Alsace. Elle s’est spécialisée dans les matières scientifiques espérant s’orienter par la suite vers la chimie : “Ça me fait un peu peur d’avoir un rythme comme tout le monde, parce que c’est quelque chose que je n’ai jamais vraiment connu, étant entrée en sport-étude très vite, mais ça va bien se passer”, prévoit-elle. Emma Brochard pense aujourd’hui ne plus revenir à la GR, mais continuera à soutenir son équipe et la France assidûment jusqu’aux JO.

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