Si le parcours était déjà connu, Tony Estanguet a annoncé mercredi 10 janvier le nom des 70 champions désignés capitaines d’équipe des relais collectifs. La gymnastique sera à l’honneur lors de deux journées : le 25 mai à Poitiers puis le 12 juin à Saint Denis de La Réunion et aura comme porteuses deux illustres championnes : Emilie Le Pennec et Elvire Teza.

Le calendrier est précis, le 14 avril à Olympie la flamme olympique de Paris 2024 sera allumée de façon traditionnelle et voguera jusqu’au 8 mai à bord du Belèm qui accostera à Marseille. L’esprit des Jeux parcourra ainsi plus de 12 000 kilomètres à travers la métropole et l’outre-mer. 80 jours de flamme jusqu’au 26 juillet, date de l’ouverture des JO, et magnifiés par ce relais collectif, innovant et inclusif, mettant en lumière les 34 fédérations olympiques et paralympiques présentes à Paris cet été. Chaque fédération sera ainsi mise à l’honneur durant un ou plusieurs relais collectif(s). Défilé, démonstrations, mise en abyme des disciplines, les équipes sont composées de 23 licenciés, choisis par les structures locales du sport concerné et seront conduites par un capitaine. Emilie Le Pennec et Elvire Téza ont ainsi été choisies par la Fédération française de gymnastique (FFGym) et le Comité d’organisation des Jeux Olympiques (COJO) pour remplir ce rôle.
Le relais collectif de la Flamme, en quoi est-ce novateur ?
Alors que le relais de la flamme est habituel depuis 1936 * et met en évidence le territoire du pays qui reçoit les Jeux Olympiques, en faisant se succéder des champions, des anonymes engagés dans la société civile, des bénévoles, des célébrités, des citoyens, le relais collectif est une nouveauté. Il s’appuiera sur le trajet de la flamme, concernera 70 équipes pour 68 journées, débutera le 10 mai à Saint Raphaël pour s’achever le 25 juillet en Seine Saint Denis et concernera 3 000 relayeurs.
Si le relais de la flamme olympique souhaite mettre en avant le patrimoine architectural, naturel, historique et culturel du pays, le relais collectif veut surprendre le spectateur par la mise en scène d’un lieu exceptionnel comme les grottes de Lascaux, les plages du débarquement, les falaises de Sisteron ou le centre historique de Bordeaux à travers la promotion d’une fédération olympique ou paralympique. Les territoires se sont portés candidats pour recevoir cet évènement, et à chaque lieu est rattaché une fédération en charge de l’organisation de sa mise en scène. C’est ainsi que la gymnastique sera à l’honneur à Poitiers et Saint Denis de la Réunion. Deux occasions exceptionnelles d’organiser sa promotion.
La gymnastique à l’honneur en métropole et en Outre-mer
Le 25 mai, la Flamme olympique traversera la Vienne de Loudun à Poitiers. Le Comité Départemental de Gymnastique (CD86) et la FFGym s’uniront alors pour apporter une touche insolite et spectaculaire à la journée. Derrière Emilie Le Pennec, l’unique championne olympique de gymnastique désignée capitaine d’équipe, les 23 heureux représentants des clubs de la Vienne feront rayonner « l’énergie du sport, du collectif et du territoire ». L’objectif étant de remettre le sport au cœur du relais, et valoriser celles et ceux qui le font vivre au quotidien. Un écosystème qui gravite autour et derrière la performance de très haut-niveau. « Le souhait est que l’ensemble des clubs de la Vienne soit présent. Outre l’honneur d’être guidée par Emilie Le Pennec, l’équipe du département est déterminée à créer des moments forts, intenses et inoubliables avec la présence de têtes d’affiches de la FFGym, sélectionnées pour les Jeux Olympiques » , explique Virgine Devaud, responsable de la Gym pour Tous au comité départemental de la Vienne et de la Gym Scéno en Nouvelle-Aquitaine. Les 23 équipiers ont répondu à un appel à candidature et ont été désignés par « une commission du CD86 selon des critères fournis par le COJO. Ils sont engagés dans le sport localement et ont adressé une lettre de motivation. Nous avions l’exigence de la parité et de la reconnaissance », précise Virginie.
La FFGym, chef d’orchestre de cette scénographie, a la volonté de s’appuyer sur les savoir-faire et la créativité des acteurs locaux. « Si l’on sait que l’objectif final est une mise en lumière insolite et spectaculaire des disciplines pour marquer les esprits, nous avons hâte de savoir comment la FFGym veut collaborer avec le CD86 pour faire de cet évènement un moment de fête inoubliable » , complète Virginie. En attendant, le projet reste un secret bien gardé à Paris… Elle révèle cependant quelques contraintes relatives au calendrier compétitif, puisque « le Festigym national se tiendra le même weekend », et les consignes sécuritaires très strictes dans le contexte actuel. Mais c’est un nouveau défi, qu’elle et l’ensemble des acteurs viennois auront à cœur de magnifier pour faire de cet événement une expérience marquante.
Après Poitiers, un passage promet d’être spectaculaire au Mont Saint Michel le 31 mai avec le cyclisme, puis le Relais de la flamme continuera son voyage pour atterrir à l’aéroport Roland Garros de Saint Denis de la Réunion le 12 juin, où l’attendra Elvire Téza. Terre de champions, l’Île de la Réunion était le lieu le plus emblématique pour mettre à l’honneur la gymnastique dans les outre-mer. Les frères Casimir, Florent Marée, Yann Rayepin, en GAM, Josuah Faroux en trampoline, Josian Bouillé en aérobic, ou encore Anne-Sophie Endeler, Nelly Ramassamy, Marine Boyer et bien sûr Elvire Téza en GAF, sont tant d’athlètes qui ont porté haut les couleurs de leur discipline. De leur Terre.
Elvire Téza, icône d’une génération, d’un territoire
Membre de l’équipe de France olympique de gymnastique artistique féminine en 1996 à Atlanta et 2000 à Sydney, Elvire Teza mènera ainsi le relais collectif de la flamme qui, après avoir fait le tour de l’île, reviendra au Jardin de l’Etat à Saint Denis pour 8 minutes consacrée à la mise en avant scénarisée de la gymnastique. Et si sa nomination était dans les tuyaux depuis quelques mois, c’est par la presse qu’elle l’a apprise : « Je savais que la Fédération avait proposé mon nom au COJO, mais on doit passer par tout un processus de vérification en termes de sécurité » , éclaire-t-elle. « Mercredi j’ai reçu un message d’un ami journaliste qui me disait « Félicitations », puis j’ai vu les articles qui donnaient mon nom avec d’autres sportifs ultra marins. »
Elvire est un symbole à de nombreux égards. Elle est une inspiration pour toute une génération de gymnastes, inspirante pour celles qui ont suivi son parcours depuis l’outre-mer vers la métropole. Icône de sa discipline, en inscrivant à quatre reprises son nom dans le code de pointage, elle a marqué de son empreinte la gymnastique mondiale et française en devenant la première à intégrer une finale olympique. Indissociable de son île qu’elle a choisi de retrouver, tant elle est attachée à son histoire et celle de ses ancêtres. En devenant Capitaine du relais collectif, elle mènera avec elle les bénévoles et les futurs champions de la gymnastique réunionnaise, un relais symbolique à bien des égards dans un territoire qui doit se mobiliser sans pour autant recevoir d’épreuves olympiques.
« C’est un honneur et une grande fierté de mener cette équipe, de porter cette flamme si convoitée » , se réjouit-elle.
Aujourd’hui Elvire œuvre quotidiennement au sein de la Direction Régionale à la Jeunesse à l’Engagement et au Sport (DRAJES) pour le sport réunionnais, mais aussi en tant que référente des Jeux Olympiques et Paralympiques. Après avoir porté au plus haut de l’olympisme, sa discipline, son territoire, ses racines, pouvait-on imaginer une plus belle représentante de la gymnastique à La Réunion pour faire le lien entre les générations et les pratiques. Lorsqu’elle portera la Flamme, Elvire aura une pensée pour « tous ceux qui lui ont permis de vivre mon parcours sportif, à commencer par mes parents et mes entraîneurs, du premier aux derniers. »
Puis la Flamme reviendra en métropole jusqu’à embraser la vasque quelque part dans Paris lançant ainsi la compétition…
*Le saviez-vous ? Depuis quand existe la flamme olympique et son relais ?
La Flamme olympique fait partie des symboles olympiques à l’instar du drapeau, ou l’hymne. C’est le 28 juillet 1928 que la Flamme olympique est apparue, lors des Jeux Olympiques d’Amsterdam. Lors de cette édition pas de torche et pas de relais. C’est lors des controversés Jeux Olympiques de 1936 que ce relais est apparu. A l’époque il s’agissait de glorifier le IIIème Reich à travers le pays, un peu plus de propagande au profit d’un Régime totalitaire. Depuis cette date, la torche est allumée à Olympie, berceau des Jeux Olympiques, antiques à l’aide d’un miroir parabolique par des femmes jouant le rôle de prêtresse d’Héra (Déesse grecque dont le Temple abritait durant les Jeux Olympiques antiques la flamme).
Cette initiative a perduré et en 1948 le relais de la Flamme est devenu l’occasion de glorifier des champions et des anonymes qui font le sport. Mais aussi, c’est parfois l’occasion de prétexte et manifestations d’opinion qui peuvent aller jusqu’à éteindre la flamme. Les relais ont amené la torche olympique dans des endroits extraordinaires comme dans l’espace à bord de Columbia, dans l’ISS, en haut de l’Everest ou encore sous l’eau à proximité de la grande barrière de corail.