[LE DOSSIER DU MOIS DE JUILLET] La plupart du temps dans l’ombre de leur enfant, elles sont pourtant leur principal soutien. En cas de coup dur, de doute ou lors d’instants heureux, les mamans des athlètes de haut-niveau sont toujours là. Toujours prêtes à réconforter, écouter, rebooster ou féliciter leur progéniture. Même à des centaines voire des milliers de kilomètres. A quelques jours du début des Jeux Olympiques, les mamans de Loan His, Oréane Lechenault et Louise Vanhille ont accepté d’en dire un peu plus sur la relation qu’elles entretiennent avec leur fille. L’occasion également d’en savoir un peu plus sur leurs rôles ou encore sur les sacrifices qui ont pu être faits pour permettre à leur enfant de réaliser leur rêve. Des témoignages chargés d’amour et de douceur pour ces trois mamans qui ont dû laisser partir leur enfant dès le plus jeune âge afin qu’elle puisse s’adonner à leur passion.
Elles ont été les premières à être informées de la bonne nouvelle. Elles, les mamans des gymnastes sélectionnées pour les Jeux Olympiques de Rio. Les Jeux Olympiques, le rêve tant convoité par leur progéniture qui devenait réalité. La consécration d’un travail de longue haleine qui les a éloignées du cocon familial, alors qu’elles n’étaient même pas ados. Mais lundi 27 juin, Karine Vanhille, Sylvie His et Déborah Lechenault ont souri, pleuré ou encore soufflé de soulagement ! Leurs filles respectives venaient d’apprendre qu’elles étaient sélectionnées pour les Jeux Olympiques.
Au téléphone avec Louise, Karine Vanhille a vécu l’annonce en direct. A distance mais en direct. “J’étais tellement émue lorsque j’ai appris la nouvelle. Je me suis dit : ”waouh ! ça y est, elle a réussi. C’était un sacré challenge et elle a réussi. C’est bluffant”, livre la maman de la Dunkerquoise. Déborah Lechenault, la maman d’Oréane, a elle laissé filer quelques larmes. “L’émotion est montée d’un coup ! A ce moment-là, on se dit que toutes les décisions qui ont été prises ont été les bonnes. C’est fabuleux. Malgré les périodes de doute, elle a réussi. Elle va faire les Jeux ! Au début, on a du mal à réaliser, on est comme sur un nuage”, sourit-elle. Même soulagement à des milliers de kilomètres de là, au Cameroun, là où sont désormais installés les parents de Loan His. “Loan a appelé son papa par Facetime car nous ne pouvions pas voir le communiqué de la FFG. C’était une délivrance énorme, une grande émotion. Une émotion qu’elle nous a transmise par sa voix où joie et fierté se sont mêlées car elle voyait la concrétisation de son rêve pour lequel elle a fait beaucoup de sacrifices“, confie Sylvie His.
Des sacrifices. Si les gyms en font pour atteindre leur objectif, les parents aussi doivent en faire quelques-uns. Mais jamais à contre-coeur. Avec toujours cette même envie de permettre à son enfant d’aller au bout de son rêve. D’ailleurs, la maman de Loan ne parle pas de sacrifices, un terme qu’elle juge inapproprié, même si, pour elle, l’un des moments les plus difficiles a été celui de la laisser partir. “Elle est partie à 11 ans. Au départ, on hésite mais à partir du moment où c’est le choix de son enfant, qu’on ressent une détermination au top, on se dit qu’on la laisse vivre son rêve et que si cela se passe mal, elle reviendra. C’est tout et elle ne pourra pas nous reprocher de ne pas lui avoir laissé sa chance. Cela n’a pas été facile au départ pour nous mais elle était heureuse même s’il y a eu des moments durs pour elle. Lydia, Sylvie, Océane, Oréane, Émilie, Mathilde, Lauryn, Marcel, Eric et Céline ont tous été formidables et même si on ne remplace pas sa famille, ils ont tous su créer une cellule chaleureuse autour d’elle. Merci pour ça”, lâche-t-elle.
C’est dur, très dur, quand on est maman de laisser partir sa fille si jeune.
Pour la maman de Louise, laisser partir sa fille à l’âge de 10 ans a également été une étape difficile à passer. “C’est dur, très dur quand on est maman de laisser partir sa fille si jeune. Louise s’est élevée toute seule si je puis dire. Elle est devenue autonome très tôt. Mais pour une maman, c’est aussi une grande fierté de voir sa fille mener un tel projet. On a toujours fait au mieux pour l’accompagner. Dès le début, on lui a dit que si elle voulait partir, on ne l’en empêcherait pas. On lui a dit de ne pas se poser de questions et que si ça n’allait pas, elle pourrait toujours revenir”, précise-t-elle.
Du côté de la famille d’Oréane, la distance était moins pesante, même si la jeune fille ne rentrait pas tous les soirs au domicile familial. Originaire de Paris, sa famille, qui avait déjà pour projet de partir s’installer dans le Sud de la France, l’a suivie quelques mois après son entrée au Pôle de Toulon. “Oréane a rejoint le Pôle de Toulon en août et nous sommes arrivés en février-mars. Les premiers mois, elle prenait le TGV toute seule pour venir nous voir à Paris. Nos enfants apprennent à devenir autonomes beaucoup plus vite que les autres“, analyse-t-elle.
Malgré la distance qui les sépare, les mamans occupent toujours une place prépondérante auprès de leur fille comme le souligne parfaitement Sylvie His : “On est là à tout instant, quand elle a besoin de nous, pour la rassurer, la booster, la “chouchouter”, quand on est avec elle, la féliciter, l’aimer. Nous ne sommes pas seuls, son frère et sa sœur sont précieux pour elle, même s’ils sont loin aussi (Reunion et Québec). C’est parfois elle qui nous booste, nous rassure car elle est, par son choix, devenue très mature.” Une maturité qui revient dans le discours des trois mères de famille. “Lorsque Louise s’est blessée, j’ai voulu tout de suite la rejoindre pour être à ses côtés. Mais elle m’a dit que ce n’était pas la peine. Qu’il valait mieux, pour elle comme pour moi, que je descende la voir quand elle serait sortie de l’hôpital. Louise me surprend parfois par sa grande maturité“, livre-t-elle avant d’ajouter : “Mais elle sait que si elle a besoin, nous sommes là.”
Nous avons appris à prendre du recul, à être dans la compréhension mais pas dans l’attente.
Du côté de la famille Lechenault, les nouveaux repères ont été plus difficiles à prendre lorsqu’Oréane est entrée au Pôle de Toulon. “On a appris notre rôle de parent d’athlète de haut-niveau au fur et à mesure. Tout est allé hyper vite quand Oréane est entrée au Pôle car elle a eu une vitesse de progression hallucinante donc on a beaucoup travaillé avec Eric et Céline Boucharin, ses entraîneurs. Ils nous ont expliqué où était notre place. Que notre rôle est d’être là mais que nous ne devons pas nous mêler des entraînements. Nous avons alors appris à prendre du recul, à être dans la compréhension mais pas dans l’attente. Les Boucharin ont été supers pour ça. Ils ont toujours été disponibles lorsqu’on avait besoin de parler. On sait très bien qu’Oréane a passé plus de temps avec ses entraîneurs qu’avec nous, mais il ne faut pas être dans la rivalité“, explique Déborah Lechenault qui avoue avoir sa fille au téléphone plusieurs fois par jour. “On se parle dans la transparence. Je la rassure lorsqu’elle en a besoin. Je sais au son de sa voix si ça va ou si ça ne va pas. Je sens aussi lorsqu’elle envie ou pas de parler. Parfois, on ne parle pas du tout de gym.” Du côté de Loan, sa mère avoue que sa fille, qu’elle qualifie de “déterminée, perfectionniste, respectueuse, passionnée, compétitrice et modeste”, “garde toujours une part de mystère” quant à ses entraînements et qu’elle entretient “une relation de parent à enfant, tout à fait normale”.
Pour l’heure, tous les regards sont portés vers le Brésil. Présents à Rio lors des derniers Test Event en avril dernier, Sylvie His et son mari ne pourront pas être du voyage cet été. “Mais son frère, sa soeur et son beau-frère viennent pendant 10 jours, ils sont hyper contents, une belle surprise pour Loan. Nous, on sera devant notre téléviseur”, livre-t-elle. De son côté, Oréane pourra compter sur le soutien de ses parents et de ses deux soeurs. “On fait le voyage à Rio ! Nos dernières économies passent dans ce voyage mais bon ce n’est pas grave, ça vaut le coup ! C’est quelque-chose qui n’arrive qu’une fois dans une vie. On a loué une maison via Airbnb et on a réservé nos billets ! Comme on a tout réservé à la dernière minute car il fallait attendre l’annonce de la sélection, on paie le tarif plein ! Etre parent d’athlète de haut-niveau entraîne surtout quelques sacrifices financiers en réalité. Mais on est bien décidé à profiter à fond de ce moment tellement fou et idyllique !“, sourit Déborah Lechenault. Louise pourra également compter sur le soutien de sa famille. “Malheureusement, son frère travaillera donc il ne pourra pas être là. On avait déjà prévu d’aller au Test Event mais comme Louise s’était blessée, on ne voulait pas anticiper, donc on n’a pas pu y aller. Cette fois-ci, nous serons là ! En plus, nous avons la possibilité d’être logés chez des amis”, confie Karine Vanhille.
Tout est donc prêt pour les trois familles des gymnastes ! Maintenant, il n’y a plus qu’à attendre le jour J et imaginer tous ces yeux émerveillés, émus et certainement remplis de quelques larmes de fierté au moment de l’entrée de leurs filles dans la splendide Rio Olympic Arena…
Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News
Le mot de Sylvie His pour sa fille, Loan :
“Vis ta passion et va jusqu’au bout de ton rêve, garde tes étoiles dans les yeux. On t’aime tout simplement, lâche toi, éclate toi, prends tout le plaisir que tu peux .. Tu vas vivre un moment exceptionnel … Œil du tigre !”
Le mot de Karine Vanhille pour sa fille, Louise :
“Fais toi plaisir, ce n’est que du bonheur”
Le mot de Déborah Lechenault pour sa fille, Oréane :
“Je suis super fière de toi. Profite à fond de cette belle expérience.”
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