Stade 2 a consacré ce dimanche soir son Grand Format sur les violences physiques et psychologiques en gymnastique à la suite d’une enquête menée pendant huit mois par le journaliste d’investigation Thierry Vildary. Six anciennes gymnastes de l’équipe de France ont témoigné. Présente sur le plateau de l’émission, la Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a annoncé qu’une enquête allait être ouverte dès ce lundi matin.
Elles sont six à avoir témoigné : Clara Della Vedova, Valentine Sabatou, Camille Bahl, Marine Petit, Blanche, qui est apparue floutée et dont le nom de famille n’a pas été cité, et une sixième gymnaste qui a préféré rester anonyme mais que les plus connaisseurs ont pu reconnaître. Six ex-gymnastes qui se sont livrées, confiées, à coeur ouvert. Pour libérer la parole. Apaiser leur souffrance pour certaines. Et surtout, pour que ce qu’elles ont vécu ne se reproduisent plus. Des témoignages poignants, bouleversants, dans lesquels les six jeunes femmes révèlent les maltraitances dont elles disent avoir été victimes au cours de leur carrière de la part d’une haute dirigeante de l’équipe de France et d’un entraîneur. « T’es une chèvre, t’es nulle, t’es bonne à rien, c’est quand que tu vas arrêter de grossir ? Grosse vache, tu fais honte à la France », des propos qu’elles n’oublient pas. Qui marquent. Heurtent. Certaines ne pouvant d’ailleurs même plus entrer dans un gymnase, tellement les souffrances sont encore présentes.
« Quand je me suis blessée, ça a été un soulagement », confie Clara Della Vedova, victime d’une rupture du tendon d’Achille peu de temps avant les Jeux Olympiques de Londres. Car finalement, c’est son corps qui aura sonné l’alerte pour la sortir de cette spirale infernale dans laquelle elle s’était retrouvée. « On était que des objets à performance, on s’en foutait de ma propre santé », lance quant à elle Valentine Sabatou, blessée à de nombreuses reprises au cours de sa carrière.
“Ce n’est pas possible de laisser exercer et à fortiori à ce niveau de responsabilités, des entraîneurs qui mélangent tout”
Invitée sur le plateau de Stade 2, la Ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra a ensuite réagi au reportage : « Maintenant il faut pouvoir agir et faire évoluer la culture de la performance », commence-t-elle par expliquer avant d’ajouter : « Moi j’ai voulu être avec vous pour réagir, pour partager la manière dont il faut avancer. Et être dans l’action. Pour que ça ne se répète pas. (…) Ce n’est pas possible de laisser exercer et à fortiori à ce niveau de responsabilités, des entraîneurs qui mélangent tout. Qui mélangent l’exigence avec la violence. Qui mélangent la discipline avec la maltraitance. Ce n’est pas admissible. »
Quant à l’après ? La Ministre des Sports a également indiqué qu’une enquête allait être ouverte dès demain matin et qu’elle convoquera dans les plus brefs délais le président de la Fédération française de gymnastique et son directeur technique national avant de rappeler « une tolérance zéro sur ce type de violence. »
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Un peu plus tard dans la soirée, James Blateau, président de la fédération française de gymnastique, qui n’avait pas souhaité répondre aux questions de France Télévisions avant la diffusion du reportage, s’est exprimé dans un communiqué.
« J’ai bien entendu regardé le reportage diffusé par France Télévisions ce dimanche soir. Je prends toute la mesure des témoignages et dès à présent, j’apporte mon soutien entier aux victimes. En conséquence, j’ai convoqué une réunion exceptionnelle du bureau exécutif de la fédération dès ce lundi afin d’échanger sur les mesures à engager. »
« J’aurais l’occasion de m’exprimer après notre rencontre avec madame la Ministre des sports, Amélie Oudéa-Castéra, pour préciser les mesures prises par la fédération pour stopper toutes formes de violences. »