
Elle est entrée dans l’histoire de la gymnastique et du sport français le 21 avril dernier en devenant championne d’Europe au saut, à Cluj, en Roumanie. De retour en France, Coline Devillard revient sur son sacre avec toute l’humilité que peut avoir une jeune fille de 16 ans qui a décroché l’or européen alors qu’elle ne s’y attendait pas.
On l’avait quittée fière et émue aux larmes. Depuis, le rêve européen de Coline Devillard se poursuit en France. Partout où elle va, elle est accueillie comme une reine. “Maintenant on me reconnaît, on me félicite, avoue-t-elle. Certaines filles me disent même que je suis leur idole, je suis super contente mais c’est vrai que ça me fait un peu bizarre. Je ne suis pas habituée (Rires).”
Car depuis son podium en Roumanie cet après-midi d’avril 2017, Coline est entrée dans la cour des grands. Après le bronze de Mélanie De Jesus Dos Santos au concours général deux jours plus tôt, la pensionnaire de l’INSEP a permis à tous les amoureux de gymnastique de rêver. De vibrer même. De son côté, Coline vit les choses sans se poser de questions. Car cette médaille d’or, ce sacre européen, elle ne l’avait pas imaginé. “Je ne m’y attendais tellement pas ! Je n’arrive toujours pas à y croire. Je visais une finale et c’est sûr que je pensais au podium mais pas à la médaille d’or !”, sourit-elle avant d’ajouter : “Je voyais plutôt Paseka être championne d’Europe. Pas moi (Rires).”
Je n’ai pas regardé les autres sauts. Je suis restée concentrée, dans ma bulle.
Pourtant, Coline était particulièrement attendue au saut de cheval. Elle était d’ailleurs l’un des espoirs de médaille sur ces championnats d’Europe. Troisième à l’issue des qualifications sur son agrès de prédilection, tout était donc possible pour la sociétaire de Digoin. En finale, le tirage au sort l’a faite passer en huitième et dernière position. “Comme je passais dernière, dès que je me suis présentée, je suis retournée en salle d’échauffement pour faire 2-3 sauts, pour travailler mes jambes aussi et je suis retournée dans la salle au bout de la 4e ou 5e gym“, explique-t-elle. Une fois sur le plateau, elle ne s’est alors pas préoccupée des autres gyms. “Je n’ai pas regardé les autres sauts, je suis restée concentrée, dans ma bulle. Je me répétais qu’il me suffisait de faire mes deux sauts comme je les fais habituellement à l’entraînement. Je ne me suis pas posée de questions”, livre-t-elle.
Au moment de passer, Coline était toujours dans sa bulle. Concentrée. Focalisée sur son premier saut, une lune tendue vrille et demie. Et transcendée par la folle ambiance qui a régné tout au long des finales. Une fois le premier saut réussi, elle ne s’éparpille pas. Son entraîneur, Jian Fu, qui connaît parfaitement comment fonctionne l’une de ses petites protégées, lui parle technique. Car rien n’était encore fait à ce moment de la finale. Le deuxième saut, un yurchenko double vrilles, pouvait en effet tout changer. “Je ne faisais pas trop attention à tout ce qu’il se passait à ce moment-là. J’écoutais les conseils de mon entraîneur et je ne pensais qu’à une chose : réussir mon deuxième saut“, précise-t-elle. Des conseils et une manière de fonctionner qui auront donc porté leurs fruits puisque la spécialiste française du saut ne se laisse pas envahir par la pression et réussit parfaitement son deuxième saut. Résultat, pour ses premiers championnats d’Europe, et à tout juste 16 ans, Coline entre dans l’histoire et dans la cour des grands en décrochant la médaille d’or. Sur le podium, Coline profite de ce moment si précieux. “Quand j’ai entendu la Marseillaise, j’en ai eu des frissons. Et j’étais fière. J’ai tout de suite pensé à ma famille”, explique la championne d’Europe.
Si désormais, elle ne cesse de recevoir des messages de félicitation et d’encouragement, la pensionnaire de l’INSEP qui est retournée passer le week-end en famille pour profiter des siens se concentre déjà sur ses deux prochaines compétitions : les championnats de France par équipes et en individuel. Et ce n’est pas parce qu’elle est championne d’Europe au saut qu’elle va se mettre la pression… Car Coline est comme ça. Toujours le sourire. Avançant à la cool. “Je ne me prends pas la tête. Je sais que maintenant je risque d’être un peu plus attendue mais je n’y pense pas,” explique-t-elle avant de conclure : “En tout cas, j’ai vraiment hâte d’y être !”.
Charlotte Laroche pour Gym and News
Revivez la finale et le sacre de Coline Devillard en images :