Clara Beugnon : “Je ne pourrai jamais oublier mais j’ai enfin réussi à tourner la page”

Après son départ précipité de l’INSEP en juin 2016 et une rupture du tendon d’Achille en mars 2017, deux coups durs qui l’avaient particulièrement ébranlée, Clara Beugnon, ancienne membre du collectif France, a pris le temps de se reconstruire. Pas à pas. Aujourd’hui, elle est de nouveau heureuse, épanouie et elle reprend plaisir à aller s’entraîner. Médaillée de bronze aux championnats de France de Nationale A (18-20 ans), elle donne de ses nouvelles.

Gym and News : Clara, bravo pour ta médaille. Tu dois être fière ?
Clara Beugnon : Oui, cette médaille fait du bien au moral. Je suis vraiment satisfaite.

Comment as-tu appréhendé la compétition ? Tu signais ton retour alors t’étais-tu mise une pression supplémentaire ?
Non, je me suis pas mise spécialement la pression car je m’étais bien préparée. J’y suis allée plutôt détendue même si c’est vrai que j’appréhendais un peu le regard des autres. Mais j’ai réussi à passer au-dessus et à penser à me faire plaisir.

Comment as-tu vécu la compétition ?
Très bien. C’était mon grand retour donc j’avais envie de faire les choses bien, pour moi et pour tous les gens qui m’ont soutenue. J’ai également été particulièrement encouragée par toutes les filles de mon équipe et aussi par des gens que je connaissais pas. J’ai vraiment apprécié ce moment.

Es-tu satisfaite de tout ce que tu as fait sur ces championnats de France ?
Dans l’ensemble oui je suis satisfaite même si j’ai fait quelques erreurs. J’ai débuté au sol et sur ma première diagonale (tendu vrille avant), je me suis un peu perdue dans les airs donc je n’ai fait qu’une demi-vrille à la place d’une vrille. Comme il me manquait l’exigence de la vrille, j’ai donc dû rajouter une troisième diagonale afin d’avoir une vrille. Tout mon sol a un peu été perturbé par ça mais au final on m’a dit que ça ne s’était pas vu. Au saut, je suis contente de moi. Aux barres, mon objectif était de rattraper mon yaeger et c’est passé ! Et enfin en poutre, je n’ai pas chuté et j’ai fait peu d’erreurs donc le bilan est positif.

Tu as pu reprendre plaisir à faire de la compétition ?
Oui vraiment. Surtout qu’au début de la saison, refaire des compétitions en individuel n’était pas quelque chose que j’envisageais. Je voulais uniquement faire des compétitions en équipes. Mais finalement, je ne regrette pas.

Revenons sur ton année à Saint-Etienne après ton départ de l’INSEP. Comment ça s’est passé pour toi ?
Je dois avouer que mon année n’était pas top… Au début, j’étais motivée, je travaillais dur et puis j’ai eu ma blessure au tendon d’Achille en mars. A ce moment là, les choses ont été très dures pour moi. Je ne voulais plus mettre un pied dans le gymnase. J’ai dû y retourner 1 ou 2 fois mais je n’étais vraiment pas bien. Je voulais complètement couper avec la gym. J’en avais besoin, cette blessure était un nouveau coup dur pour moi. Déjà que j’avais eu beaucoup de mal à encaisser mon départ de l’INSEP (lire ici), la blessure a été le coup de grâce. C’était trop pour moi. A ce moment là, j’ai tout de suite su que je voulais retourner vivre en Ile de France, auprès de ma famille mais il fallait d’abord terminer l’année scolaire et passer le bac. Ces 3 mois ont été très longs.

Une fois le bac en poche, tu es retournée vivre en Ile de France. Savais-tu ce que tu voulais faire ? 
Pas du tout. Je savais que je voulais faire STAPS et que j’avais été prise à la fac d’Evry (91) mais je ne savais pas si j’avais envie d’y aller. J’ai passé mes 2 mois de vacances avec ma famille et au début je ne voulais pas penser à l’après, notamment concernant la gym. Ma mère essayait de me parler mais je me braquais systématiquement. Je savais qu’il fallait parler de tout ce qui m’était arrivé mais je n’y arrivais pas, ça me faisait trop mal. A chaque fois qu’on me parlait gym, je me mettais à pleurer. Et puis j’ai commencé à sentir un manque et je savais que c’était la gym qui me manquait. Alors je me suis posée, j’en ai discuté avec ma mère et puis, Lola, ma petite soeur, rentrant en sports études à Combs-La-Ville, je me suis dit que c’était l’occasion pour moi de la suivre et de retourner dans une salle de gym. J’en ai parlé avec Romy, l’entraîneur, et elle m’a dit qu’elle m’accueillerait les bras ouverts. J’ai donc décidé de rejoindre le club. Puis j’ai également pris la décision d’aller en STAPS, à Evry.

Clara et Romy
Clara et Romy, son entraîneur à Combs-La-Ville

Comment s’est passé ton retour à l’entraînement ?
Au début c’était horrible ! J’ai beaucoup grandi et grossi depuis que j’ai arrêté le haut-niveau et je n’avais plus aucun repère. J’en ai vraiment bavé au début. Après les premiers entraînements, je n’avais plus envie de revenir. Je n’arrivais même plus à faire une bascule ! Mais je n’ai pas lâché, c’était un vrai challenge pour moi. J’ai fait beaucoup de prépa physique, beaucoup de footing, je continuais à aller chez le kiné pour mon tendon et fin 2017-début 2018, j’ai commencé à reprendre plaisir à m’entraîner. Avant je ne voyais que par l’équipe de France, les Jeux Olympiques, les compétitions internationales, c’était difficile de se fixer de nouveaux objectifs quand depuis toute petite, on ne s’entraîne que pour ça. Romy m’a alors appris à voir les choses autrement et j’ai appris à me reconstruire en me fixant d’autres objectifs.

Aujourd’hui, tu peux dire que tu es bien dans ta tête et dans tes baskets ?
Oui vraiment. Je suis heureuse et épanouie. Je suis contente d’aller m’entraîner, les entraînements se passent super bien et Combs est vraiment un club super. Je ne regrette pas mon choix.

Au niveau des études, comment ça va ?
Hummm… La fac, ça se passe bien mais au niveau des notes, c’est un peu plus compliqué. Avec tous les changements auxquels j’ai dû apprendre à faire face ces derniers mois, je n’avais pas trop la tête à réviser alors je pense que je vais devoir repasser mon année l’année prochaine mais ce n’est pas grave, cela arrive à beaucoup de personne. J’avais besoin de me retrouver avant tout. C’était un peu une année de transition pour moi et grâce à une camarade de classe, Orlane, j’ai réussi à faire un gros travail sur moi-même. Je ne la remercierai jamais assez. Elle m’a très vite cernée, elle me connaît par coeur et elle m’a beaucoup aidée. Elle m’a appris à me détacher du regard des autres et à prendre du plaisir pour moi. Le principal pour moi cette année était d’avancer et de tourner la page.

As-tu réussi à tourner la page ?
C’était dur mais aujourd’hui je peux dire que j’ai tourné la page. Je ne pourrai jamais oublier tout ce qu’il m’est arrivé, la manière dont les choses se sont passées. Mon départ de l’INSEP m’a détruite mais aujourd’hui je suis heureuse donc je peux dire que oui, la page est tournée.

Propos recueillis par Charlotte Laroche
Photos Maryne Lesquelen 

 

 

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