Claire Pontlevoy : “C’était la meilleure décision à prendre mais pour le moment, j’ai un peu de mal à digérer”

Claire Pontlevoy lors de la rencontre Top 12 qui opposait son club d'Avoine-Beaumont à celui de Combs-La-Ville. Photo Charlotte Laroche

Après une blessure de trop, Claire Pontlevoy, qui avait participé à la qualification de l’équipe de France pour les Jeux Olympiques de Tokyo lors des championnats du monde de Stuttgart en octobre 2019, a décidé de mettre un terme à sa carrière à tout juste 19 ans. Une décision difficile à prendre dont elle explique le cheminement. Marc Chirilcenco, son entraîneur à Avoine-Beaumont, revient également sur sa carrière.

Spot Gym : Claire, tu as annoncé l’arrêt de ta carrière il y a quelques semaines, peux-tu revenir sur les raisons qui t’ont poussée à prendre cette décision ? 
Claire Pontlevoy : Premièrement, il faut savoir qu’en juin dernier, j’étais partie faire un break car il y avait beaucoup de choses qui n’allaient plus trop. Ce break m’avait fait du bien et j’étais revenue en août pour repartir de plus belle. Sauf qu’en septembre, je me suis blessée à la cheville ce qui a débouché sur l’annonce de ma fin de carrière.

Peux-tu revenir sur les circonstances de cette blessure ? 
Ce n’était même pas à la gym, c’était en marchant, ma cheville est partie. C’est une blessure liée à l’usure je pense, j’avais une certaine instabilité au niveau de la cheville et c’est ce qui a entraîné cette blessure.

C’est cette blessure à la cheville qui a accéléré l’annonce de ta retraite sportive ? 
J’ai vu un chirurgien et j’avais alors deux solutions. Soit je me faisais opérée mais ensuite ça aurait été très compliqué de reprendre la gym, soit j’attendais et je pouvais continuer en étant toutefois strappée. Par contre, une fois que j’arrêtais ma carrière, il fallait impérativement que je me fasse opérer pour ma vie d’après et avoir une vie normale on va dire. J’étais intéressée par cette deuxième solution sauf que je n’ai pas eu trop le choix au final et on m’a imposé l’opération. Je me suis donc faite opérer le 3 novembre et après ça a engendré ma décision d’arrêter.

Claire Pontlevoy aux Internationaux de France à Paris Bercy, en septembre 2019, un mois avant de disputer les championnats du monde de Stuttgart au cours desquels elle permettra à la France avec le reste de l’équipe de se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo. Photo EB Sports / Spot Gym

Une décision prise un peu à contre-coeur ? 
La décision d’arrêter a été très difficile à prendre, surtout dans ces circonstances. J’ai demandé conseils à mes parents car j’étais un peu perdue mais ils m’ont dit qu’ils ne voulaient pas m’influencer et qu’il fallait que ce soit mon choix. Que la décision vienne de moi. Alors j’ai pris le temps de réfléchir et j’ai pris la décision d’arrêter. Je pense que c’était la meilleure décision à prendre mais honnêtement pour le moment, j’ai un peu de mal à digérer. Mais avec le temps, ça va s’estomper.

Comment va se dérouler ta fin de saison ? 
Je reste à l’INSEP jusqu’à fin mai pour poursuivre mes études, je suis en deuxième année de STPAS, option APA (Activité Physique Adaptée). Ensuite, il me restera encore un an l’année prochaine pour valider ma licence mais je ne sais pas encore où je vais la faire. Ce sera en France mais je ne sais pas où. Je profiterai au maximum de cette année pour découvrir le monde pendant mes vacances. Et là en juin, je vais partir en Guadeloupe en vacances.

Quel regard portes-tu sur ta carrière de gymnaste de haut-niveau ? 
Je suis fière de ce que j’ai accompli. Après, il y a des moments un peu plus durs à encaisser mais ça fait partie du jeu, de la carrière. En prenant un peu de recul, je suis quand même fière de ce que j’ai accompli.

Tu as explosé d’un coup, assez tardivement, et tu as décroché rapidement une qualification pour les championnats du monde de Stuttgart en 2019 qui étaient qualificatifs pour les Jeux Olympiques, ce sont des choses dont tu es fière ? 
C’est vrai que je suis arrivée tard dans la gym. J’ai commencé le haut-niveau quand j’étais en 5ème et malgré tout, j’ai réussi à vite monter en niveau. C’est ce qui m’a permis de décrocher les sélections que j’ai eues.

À quoi ressemblait ton quotidien de gymnaste dans tes premières années de pratique ? 
J’ai commencé la gym à l’âge de 3 ans au club de Saint Georges sur Cher. C’était en 2006. Ensuite, je suis allée sur Joué-Les-Tours en 2013 et en 2015 je suis rentrée à Avoine.

Pourquoi avoir fait ce choix d’entrer à Avoine ? 
Je voulais faire plus de gym et puis ma gymnaste préférée était Youna Dufournet, alors je m’étais renseignée sur elle et j’ai voulu marcher sur ses pas et entrer à Avoine.

En février 2020, tu te romps le ligament croisé antérieur lors d’un entraînement au sol ce qui mettait un terme à tes espoirs de participer aux Jeux Olympiques de Tokyo. Avec le Covid, les JO ont été repoussés d’un an mais tu te reblesses une deuxième fois au genou en octobre 2020. Comment as-tu vécu cette deuxième blessure ? 
Après ma première blessure au genou, j’étais bien revenue mais malheureusement, je me suis reblessée au genou, sur un tempo double vrille et demi. Cette deuxième blessure a été la plus dure. J’ai eu beaucoup de mal à réaliser. Je ne voulais pas me faire opérer d’ailleurs, je me disais qu’avec un strap ça allait passer. Mais on m’a dit que je n’avais pas le choix, qu’il fallait que je me fasse opérer et ça a été un gros coup dur. C’était une période extrêmement difficile car je venais de louper ma deuxième chance d’aller aux Jeux.

En 2021, tu rejoins l’INSEP, comment s’est passée ton intégration ? 
Oui fin 2021, j’ai décidé de monter à l’INSEP par rapport à mes études. Avec l’année COVID, j’avais fait ma première année à distance et ce n’était pas facile. Je ne sais pas d’ailleurs comment j’ai réussi à valider mon année mais je l’ai validée (Rires). Je me suis rendue compte que les cours à distances n’étaient pas faits pour moi donc je suis montée sur l’INSEP pour pouvoir poursuivre mon double projet dans de bonnes conditions. Je suis arrivée en août 2021, on a commencé par un stage en Bretagne et ensuite la saison s’est enchaînée. Je me suis tout de suite bien entendue avec les filles car je les connaissais déjà des stages France et j’ai tout de suite bien pris mes marques. J’aimerais également remercier mes entraîneurs de l’INSEP pour ces deux années passées là-bas.

Ces derniers temps, tu ne sortais plus sur les compétitions et n’étais plus convoquée sur les stages France. Avant ta blessure à la cheville, as-tu eu d’autres pépins physiques ou avais-tu réussi à bien reprendre l’entraînement ? 
Oui j’ai eu une fissure de cartilages aux côtes et une déchirure de l’adducteur stade 3, mais j’avais aussi repris l’entraînement normalement.

Tu es toujours présente sur les rencontres Top 12 avec tes coéquipières d’Avoine, c’est important pour toi d’être là ? 
Oui c’est très important pour moi d’être sur les rencontres avec mon club d’Avoine. C’est comme ma deuxième famille. Si je n’avais pas été avec Marc et Gina (les entraîneurs d’Avoine, NDLR), je n’aurais jamais eu la carrière que j’ai eue. Et puis être avec les filles, même si c’est dur de ne pas pouvoir participer à la compétition, me fait du bien. Je suis là pour les rassurer et leur apporter mon expérience.


L’avis de Marc Chirilcenco, l’entraîneur de club à Avoine-Beaumont 

“Claire est une athlète hors-pair. Elle aimait la gym et était douée pour ça”

Claire Pontlevoy et Marc Chirilcenco lors des Internationaux de Paris Bercy en septembre 2019. Photo Damien Lecatelier
“Claire est une athlète hors-pair qui sentait la gym. On a rarement eu des gymnastes à Avoine qui était aussi douée qu’elle. C’était une fonceuse, il n’y avait rien qui lui faisait peur. Il fallait même la retenir souvent. Il ne faut pas oublier que Claire est arrivée à Avoine qu’en 5ème, avec un saut de main salto avant au sol et un petit soleil aux barres. Donc quand on voit son évolution et ses médailles aux barres aux championnats de France et sa place de remplaçante aux championnats du monde Stuttgart en finale barres, ça montre qu’elle aimait la gym et qu’elle était douée pour ça. Elle avait tout pour la gym, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle est allée aux championnats du monde et qu’elle a fait de belles performances dans sa carrière assez rapidement.
Elle avait son caractère, mais vous savez, on ne fait pas de champion sans caractère. C’est un peu bateau de dire cela mais c’est quelque chose qui se vérifie assez souvent. Elle avait envie de gagner, de réussir et elle ne lâchait pas le morceau comme ça. C’est un trait de caractère important. Et puis elle participait à tout ce qu’on pouvait lui proposer : stage d’oxygénation, sortie à la piscine, elle a toujours été très volontaire. Claire est quelqu’un de très riche humainement parlant.
Forcément, on a un pincement au coeur qu’elle arrête, surtout que les choses se sont mal goupillées avec ses dernières blessures qu’elle a pu avoir à l’INSEP. Quand on a les qualités physiques, chorégraphiques et athlétiques que Claire a, on espérait forcément autre chose pour elle. Alors une fois qu’elle a compris que le retour allait être très compliqué après cette nouvelle blessure à la cheville et qu’elle a vu que la concurrence des petites jeunes derrière était forte, elle a préféré annoncer sa retraite.
Claire sera toujours une Avoinaise de coeur et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle tient à être présente sur les rencontres du Top 12. Elle encourage et elle a envie d’accompagner les petites pour transmettre son expérience. Quoiqu’elle fasse, on la soutiendra toujours de toute manière. Même quand elle est partie d’Avoine pour monter sur l’INSEP, le lien est toujours resté très fort. Il n’y a pas de regret à avoir.”

 

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