Camille Bahl arrête le haut-niveau : “Je me sens comme libérée d’un poids”

En raison d’une blessure à la cheville qui ne guérit pas, Camille Bahl est contrainte d’arrêter le haut-niveau. Une nouvelle qu’elle a annoncée ce mardi sur ses réseaux sociaux. Comment se sent-elle ? Depuis quand songeait-elle à arrêter ? Et que retient-elle de sa carrière ? Elle a accepté de répondre à mes questions. Un entretien tout en douceur avec une gymnaste talentueuse qui a le coeur sur la main.

Camille Bahl, c’est un sourire, une bonne humeur éternelle et un talent incontestable. Mais parfois le talent est perturbé. Perturbé par des blessures qui ne guériront jamais et qui pousseront à s’arrêter. A s’arrêter plus tôt. Trop tôt même. Touchée à une cheville depuis l’an dernier, Camille Bahl n’aura malheureusement jamais réussi à se remettre de cette blessure. “J’avais de plus en plus de douleurs”, confie-t-elle. “La douleur était même devenue permanente. Dans la vie de tous les jours, j’avais mal. Même encore aujourd’hui“, ajoute-t-elle. Alors suite à ses douleurs qui devenaient de plus en plus insupportables, des examens plus approfondis devenaient indispensables. Et après un arthro-scanner passé il y a trois semaines environ, le diagnostic est clair : deux ligaments rompus (un interne, un externe) ainsi qu’un arrachement osseux au niveau la malléole interne. Un diagnostic qui poussera donc la pensionnaire de l’INSEP a tirer sa révérence de manière prématurée. Elle qui visait encore il y a quelques mois les Jeux Olympiques de Rio.

“La décision ne date pas d’hier, livre-t-elle. Cela faisait un moment que j’y pensais. J’y pensais avant les vacances d’été mais ensuite, la reprise s’était bien passée donc j’étais contente et je me disais que tout était peut-être rentrée dans l’ordre. Mais ensuite, à partir du mois d’octobre, il y a eu des complications et j’y pensais de plus en plus. Même si c’est la décision n’a pas été simple à prendre, c’est quand même une sorte de soulagement. Je me sens comme libérée d’un poids”.

Si elle a décidé d’arrêter le haut-niveau, Camille va néanmoins terminer son année scolaire à l’INSEP. “Je reste jusqu’au bac”, explique-t-elle. Ce qui lui permet de ce fait de pouvoir continuer à profiter des séances kiné et de continuer ainsi à soigner sa cheville dans de bonnes conditions. Tout en restant auprès de personnes de confiance. Ce qui lui permet également de se retirer du monde du haut-niveau un peu plus en douceur et de ne pas perdre ses marques de manière trop brutale. Car de ses années à l’INSEP, la sociétaire de l’Union Haguenau ne retient que du positif. “C’est le meilleur lieu pour faire du haut-niveau. Etre ici m’a beaucoup aidé. J’ai fait de merveilleuses rencontres, tout sport confondu“, analyse-t-elle.

J’en ai parlé tard à mes parents

Et si elle ne retient que du positif de ses années à l’INSEP, elle tire également le même bilan sur ses années de haut-niveau. “J’ai envie de ne retenir que les bons moments. Même si j’ai eu des moments difficiles, je ne veux retenir que les bons moments. Matcher en équipe de France est quelque chose que je ne peux pas décrire. C’est tellement fort en émotion. A chaque fois, ça m’a transportée“, sourit-elle. Et de préciser : “Bien sûr, j’aurais aimé faire plus, comme par exemple faire les Jeux de Rio. Ca me reste un peu en travers de la gorge de ne pas avoir pu faire les Jeux mais quand je regarde en arrière, je me dis que tout compte fait, j’ai vécu des choses extraordinaires.”

Désormais, Camille va se concentrer sur son bac S, qu’elle passe à la fin de l’année. Côté sport, elle va prendre le temps de soigner sa cheville et reprendra certainement la musculation pour rester en forme. Quant à la gym ? Quelle place ce sport qu’elle a pratiqué depuis sa plus tendre enfance occupera-t-il dans son quotidien ? “Pour l’instant, je n’en fais plus du tout mais selon la manière dont les choses évoluent, je matcherai peut-être pour mon club la saison prochaine. Mais ce n’est pas sure du tout, ça dépendra vraiment de l’évolution de ma cheville“, confie-t-elle. Côté études, elle se destinera ensuite à des études de kiné. Des études qu’elle effectuera à Strasbourg, non loin de ses proches.

Si Camille songeait à arrêter le haut-niveau depuis quelques temps maintenant et que son forfait au Top 12 avec son club d’Haguenau ne laissait rien songer de bon, c’est ce mardi 7 mars qu’elle a décidé d’officialiser la nouvelle. Les premières personnes avec qui elles en avaient parlé étaient ses copines de l’INSEP ainsi que ses entraîneurs. “J’en ai parlé assez tard avec mes parents, j’avais du mal à leur dire, car si je leur en parlais, ça officialisait un peu plus la chose. J’en ai beaucoup parlé aux entraîneurs, aux filles aussi et ça m’a beaucoup aidé. Et je suis également suivie par une psychologue, ici à l’INSEP, et ça fait quelques temps qu’on parle de ce possible arrêt du haut-niveau. J’ai été très bien entourée“, glisse-t-elle.

Aujourd’hui, si Camille s’est enlevée “un poids”, elle n’en reste pas moins quelque peu “perdue”. “Avant de poster le message, je suis restée dix minutes devant mon téléphone avant d’appuyer sur publier. Je suis un peu perdue là, c’est normal… Mais depuis toute à l’heure, je reçois plein de messages de soutien et ça me fait vraiment chaud au coeur. De lire tous ces messages, ça me donnent les larmes aux yeux”, conclut-elle, émue.

Propos recueillis par Charlotte Laroche pour Gym and News

Camille Bahl a publié ces quelques mots sur son compte Facebook : 

“Bonjour à tous ,
Comme vous avez pu le voir il y a quelques jours je ne participerais pas au Top 12 comme prévu. En effet ma cheville est bien trop abimé et ne me permet plus de m’entrainer de manière à performer. Après une saison 2015-2016 très éprouvante tant physiquement que psycholgiquement et ces blessures qui m’auront empêcher de continuer ma route comme je le souhaitais pour cette saison je suis donc au regret d’annoncer mon retrait de la gymnastique de haut niveau …
Toutes ces années resteront de magnifiques souvenirs et des expériences inoubliables , elles m’ont permis de forger mon caractère et de faire des rencontres exceptionnelles. Et malgrès les difficultés qui ont accompagné cette carrière je ne retient que du bonheur d’avoir pu aller jusqu’ici. Etre membre de l’équipe de France , avoir pu représenter mon pays , être présente à toutes ces compétitions nationales , aux tournois internationaux , aux championnats d’Europe, du monde ainsi qu’aux jeux olympiques de la jeunesse est un sentiment indescriptible et je remercie la fédération de me l’avoir permis. Je ne remercierai jamais assez toutes les personnes qui m’ont soutenu et qui m’ont permis de réaliser tout cela à commencer par ma famille , mon club de l’union Haguenau qui a été présent depuis le début ainsi que le pôle de Dijon et l’INSEP , tous les entraineurs qui m’ont accompagnée tout au long Kelly , Anne , Jany et Frank, Dominique , Nellu et enfin Hong et Jian Fu. Le soutien de mes amis et de mes proches aura été tout aussi indispensable, ainsi que vous tous qui m’envoyait des messages de soutien. C’est une page qui se tourne à présent , je vais maintenant prendre le temps de me reposer et pouvoir enfin réparer cette cheville. Merci pout tout ❤️”