Qualifiée en finale saut aux championnats du monde d’Anvers, un an après sa médaille de bronze à Liverpool, Coline Devillard confirme une nouvelle fois son statut de leader à cet agrès, parvenant à contourner les obstacles d’une préparation compliquée marquée par une blessure de dernière minute. Touchée mais jamais coulée, la multi-médaillée internationale va disputer la deuxième finale mondiale de sa carrière au saut de cheval. Elle a également partagé avec ses coéquipières la qualification olympique par équipe et les quatre finales décrochées collectivement ou individuellement. Une soirée riche en émotions qui marque le point de départ d’une longue semaine de compétition.

Coline Devillard à l’entraînement podium des championnats du monde. Photo Ahn Viet Chau

Le sourire aux lèvres, les yeux qui pétillent, Coline Devillard savoure son moment. “C’est fou“, sourit-elle après la qualification de la France pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. “On était transcendé. Sur chaque passage, c’était comme si on était toutes les six sur l’agrès. On a tout donné, de la voix, de l’énergie, de tout. On a rigolé, on a souri, on a pris du plaisir, c’était plein de choses. Vraiment, je suis vidée ! C’était tout plein d’émotion. On était vraiment dedans, on a fait le plus important avec la qualif pour les Jeux, on a la finale équipe ce qui est encore mieux, j’arrive à me qualifier en finale saut et Lorette fait finale barres, c’est stratosphérique tout ce qui est en train de se passer !” Les qualificatifs pour évoquer cette première soirée de compétition ne manquent pas. Les planètes sont alignées et le bonheur se partage à plusieurs. Une communion de tout un collectif qui a validé la principale étape de ces championnats du monde.

Le dénouement heureux d’une longue journée d’attente pour les Françaises qui évoluaient dans la dixième et dernière subdivision des qualifications des championnats du monde ce lundi, compétition qualificative pour les Jeux Olympiques de Paris 2024, avec une entrée sur le plateau de compétition à 21h15. Elles auraient pu être déstabilisées mais la force du collectif les a transcendées. Unies, elles ne formaient qu’un. Peu après 22h30, au terme d’une compétition, avec certes quelques erreurs, elles décrochent leur qualification olympique grâce à leur septième place, synonyme également de qualification pour la finale équipe des championnats du monde. Coup double donc ! Le Graal. En parallèle, trois finales individuelles sont décrochées, dont l’une par Coline Devillard, la grande spécialiste du saut de cheval en France. Une qualification inattendue pour la native de Saône-et-Loire qui s’était blessée trois jours avant de partir pour la Belgique. “J’ai eu une déchirure au niveau de la fesse“, confie-t-elle. Une blessure contractée sur un passage à la poutre. “Un truc tout bête mais qui a fait que ma prépa a été tumultueuse”, lance-t-elle. Une blessure qui a donc modifié les plans de base pour celle qui n’a pu reprendre l’entrainement que mardi dernier. “Du coup mettre la double vrilles en deuxième saut dès les qualifs, c’était un peu chaud” , explique-t-elle, répondant ainsi aux interrogations de ceux qui se questionnaient sur l’absence de cette double vrilles. Car non, Coline Devillard n’a pas joué petit bras. D’autant qu’elle voulait avant tout soigner son premier saut. Celui qui pouvait rapporter des points à l’équipe en vue de la qualification olympique. L’objectif numéro un pour toutes. “Le plus important était le premier saut donc j’ai plus bossé le premier car je savais que c’était là qu’il fallait que je sorte la note pour aider l’équipe pour la qualif olympique. Le reste, ça reste de l’individuel, ce n’est que du bonus” , livre-t-elle avec beaucoup d’humilité.

Une préparation troublée
Mercredi, à deux jours de l’entraînement podium et cinq jours des qualifications, son absence sur une photo d’équipe postée sur les réseaux sociaux avait beaucoup questionné. Rapidement, les interrogations avaient fusé. Les questions se sont multipliées. Et l’appréhension s’était logiquement emparée du gymternet français. Le soir même, ses coéquipières avaient éteint les craintes en postant des stories rassurantes sur les réseaux sociaux. Le lendemain, la Fédération française de gymnastique publiait une vidéo de Coline à l’entraînement à Gand, afin qu’elle puisse sauter en fosse. Tout finissait par s’expliquer. En raison de sa blessure, Coline Devillard peaufinait son premier saut en lune vrille et demi en fosse, pour prendre le moins de risque possible et assurer la qualification en équipe grâce à un saut qui, lorsqu’il est réussit, permet de rapporter gros. La stratégie a fonctionné avec la belle note de 14,600. La France était parfaitement rentrée dans sa compétition et savourait. Ensemble. Collectivement. Coline se rassurait par la même occasion et confirmait son statut, tout en sachant qu’il allait tout de même falloir augmenter la difficulté en finale. “J’ai eu la chance de pouvoir m’entraîner dans une autre salle où il y avait la fosse, je pense faire un petit tour là-bas avant la finale saut parce que je ne vais pas faire une vrille en finale saut des championnats du monde” , éclaire-t-elle.  Une finale saut qui devrait donc marquer le retour de sa double vrilles en second saut, indispensable pour rivaliser avec ses adversaires, dont Simone Biles qui a présenté un yurchenko double carpé lors des qualifications. Du jamais vu chez les féminines. Une finale saut qui fait figure de bonus pour la Française tant la préparation a été compliquée. “J’étais vraiment partie sur le fait qu’avec la prépa que j’ai eue et avec une simple vrille en deuxième saut, ça allait être compliqué d’entrer en finale aux Mondes, et je m’étais dit que si ça ne passait pas, c’était comme ça, le plus important était l’équipe. Mais j’ai beaucoup travaillé sur le premier saut, ça a aidé l’équipe et j’entre en finale donc je suis super heureuse. C’est fou !

Double championne d’Europe en 2017 et 2023, vice-championne d’Europe en 2019, médaillée de bronze mondial en 2022, multi-médaillée en coupe du monde, Coline Devillard persiste et signe une nouvelle fois. Si elle a parfois connu quelques accros, elle s’en est toujours relevée. Sans faire de vagues. À chercher les solutions pour évoluer. Performer. Gagner. Dans l’ombre. Aux côtés de ses entraîneurs et de ses partenaires d’entrainement. Également accompagnée depuis plus d’un an par le champion d’athlétisme Ladji Doucouré, médaillé mondial aux 110m haies et sur le relais 4X100 m en 2005, Coline Devillard a aussi appris à faire de sa course d’élan un véritable atout. Pour en faire l’une de ses forces. Peu importe les circonstances. “Sur podium, on est en hauteur et ça pousse la course vers l’avant” , explique-t-elle par exemple après sa compétition. “J’ai donc reculé mes marques de 20 centimètres sur le premier saut et de 10 sur le deuxième et je suis contente d’avoir réussi à gérer ça parce qu’en vrai, c’est quelque chose que j’appréhende vachement. Savoir qu’en fonction de mon état de forme et de la plateforme où je suis, j’arrive à arriver le coeur léger sur la table et de gérer derrière, c’est super.” Le coeur et l’esprit léger, la nouvelle héroïne de la série CHAMPION(S) diffusée sur France TV Sports est prête à sortir le grand jeu ce week-end sur les terres belges pour entrer encore un peu plus dans l’histoire du sport français et de la gymnastique internationale. Focus sur les finales, la finale équipe tout d’abord ce mercredi soir, puis la finale saut samedi après-midi, Coline Devillard se tient prête à savourer ces championnats du monde qui lui ont déjà procuré une bonne dose d’adrénaline ce premier lundi d’octobre 2023. Ce shoot de bonheur revigorant qui cristallise toutes les heures passées dans la salle d’entraînement et qui pousse à sortir de ses sentiers battus. “C’est que du bonus à partir de maintenant, on y va, on donne tout, on lâche rien et advienne que pourra.”


Le programme des finales (à suivre en direct sur RMC Sport)

Mardi 3 octobre
  • 19h30 – 22h45 : finale par équipes GAM
Mercredi 4 octobre
  • 19h30 – 22h05 : finale par équipes GAF
Jeudi 5 octobre
  • 19h30 – 22h40 : finale du concours général GAM
Vendredi 6 octobre
  • 19h30 -22h00 : finale du concours général GAF
Samedi 7 octobre
  • 14h00 – 18h00 : finales par appareil saut et barres GAF, sol, arçons et anneaux GAM
Dimanche 8 octobre
  • 14h00 – 18h00 : finales par appareil poutre et sol GAF, saut, barres parallèles et barre fixe GAM

 


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