Aurélie Malaussena : “Le haut-niveau m’a permis de devenir la femme que je suis aujourd’hui”

Membre de l’équipe olympique aux Jeux Olympiques en 2012 et seule Française à avoir décroché une place en finale, Aurélie Malaussena, également connue sous le surnom de “captain malauss”, est désormais installée sur l’Île de la Réunion. Que devient-elle, quels sont ses projets et que retient-elle de toutes ses années passées dans le haut-niveau ? Elle se confie.

Gym and News : Aurélie, que deviens-tu ? 
Je vis à La Réunion depuis juillet 2017 avec mon copain et nous entraînons au club de St Denis. Lui les garçons et moi les filles. Nous nous sommes bien adaptés à cette nouvelle vie et le reste du temps, on essaie de profiter des lieux si magnifiques qu’offrent cette île.

Pourquoi avoir pris la décision de t’installer sur l’île de la Réunion ?
J’étais en formation DEJEPS puis j’ai entendu parler de deux postes d’entraîneur à 35h sur le même club, à la Réunion. Puis en janvier, on était en stage à Marseille et il y avait l’entraîneur avec deux gyms. J’ai discuté avec lui et j’ai donné nos CV, lettre de motivation et on a attendu… Nous avons ensuite été pris et nous avons déménagé. C’était le moment où nous avions envie de changer d’air et cette opportunité était extra pour nous. D’ailleurs je remercie toutes les personnes qui nous ont aidés pour ce gros déménagement. Le projet du club nous à séduit et on s’éclate !

Quels sont tes projets professionnels ?
Mes projets à court terme sont de continuer à faire progresser la structure puis d’accompagner les gyms le plus haut possible. Et surtout de continuer à prendre du plaisir dans la salle.
Puis à très long terme, je rêve d’ouvrir un club. J’espère un jour avoir cette opportunité.

Quel regard portes-tu sur ta carrière de gymnaste de haut-niveau ?
Je suis très fière de ce que j’ai réussi à accomplir durant cette période. Je pense avoir tout donné durant des années et même si il y a eu des doutes je n’ai rien lâché. Les choses n’ont pas toujours été faciles surtout quand ta fédération ne croit pas en toi, mais heureusement tout le monde n’est pas comme ça. Je savais qu’ils n’appréciaient pas mon physique mais j’ai appris d’autres choses lorsque j’ai arrêté le haut-niveau. À plusieurs reprises, ils ne voulaient pas de moi dans l’équipe mais les entraîneurs me défendaient en disant que j’étais la meilleure Française aux championnats du monde. Aux Jeux Olympiques, ils ont demandé à Eric (Demay) que je laisse ma place pour la finale du concours général. Mais encore une fois Eric a refusé. Il se passait beaucoup de choses derrière mon dos. Mais toutes mes années passées dans le haut-niveau m’ont apporté tellement du côté humain que ça m’a permis de devenir la femme que je suis aujourd’hui.

Quel regard portes-tu sur les gymnastes d’aujourd’hui ? Quelles sont leurs forces selon toi ?
Je suis très heureuse que la France brille à nouveau, la génération est très talentueuse. Elles sont ensemble, c’est leur force. Mais elles ont surtout une grande championne dans leur rang. Comme tout le monde je suis fan de Mélanie. Autant son niveau est top mais elle a aussi un mental de fou. Je suis surtout fan de sa force de caractère.

Avec qui as-tu gardé des contacts parmi les anciennes gyms ?
Je parle souvent avec Youna. D’ailleurs elle est venue en mai à la Réunion mais sinon j’essaie soit de prendre des nouvelles de temps en temps, soit j’essaie de suivre leur nouvelle vie. Quelque fois, il m’arrive d’être nostalgique de cette période. Les filles me manquent mais la vie a fait que chacune a pris un chemin différent mais tout le monde est épanoui ! Et ça, c’est cool.

Comment te décrirais-tu en tant qu’entraîneur ?
Tout d’abord je suis une vrai passionnée, j’adore mon métier. Je pense être relativement cool mais exigeante quand il faut. Je suis par contre intransigeante sur le comportement et le respect. Avant tout nous sommes des éducateurs. Il faut leur donner le goût de l’effort. Quand elles ont compris ça, après ça avance tout seul.

Aurélie 3

Aimerais-tu un jour devenir entraîneur de l’équipe de France ?
Franchement non, pas forcément. Certes ça doit être un vrai plaisir d’entraîner ce niveau mais ce n’est pas ce qui me donne le plus envie. J’adore la formation des jeunes. Mais peut-être que dans quelques années je changerai d’avis, car qui sait de quoi demain sera fait ?

Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi lorsque tu as arrêté le haut-niveau ?
L’année qui a suivi a été très compliquée pour moi. J’avais du mal à trouver ma place dans le monde “normal”. Tu passes des JO à rien. Après plusieurs mois d’arrêt de gym, j’ai ensuite repris mais je n’arrivais plus rien donc cette période n’a pas été facile. Mais après j’ai commencé à entraîner et c’était reparti.

Qu’est-ce qui a été le plus dur pour toi durant toutes les années où tu as fait du haut-niveau ?
Je dirais la gestion de ma gourmandise et le poids de forme à ne pas dépasser. J’ai pas mal fait le yoyo et tous les reproches que j’ai eus durant ma carrière ont été là-dessus. Sinon certes l’entraînement était dur mais c’était ce que j’aimais donc ça ne me dérangeait pas.

Ton corps a-t-il gardé quelques séquelles physiques ?
Oui, forcément un petit peu, quelques douleurs aux chevilles de temps en temps et au dos mais aucune séquelle ne m’empêche de vivre normalement.

Pratiques-tu un autre sport ?
Non. J’aimerais avoir la possibilité de faire autre chose mais mes horaires dans la salle ne sont pas compatibles avec un autre sport donc impossible pour moi. Quand j’ai le courage, je fais un petit peu de gym mais vraiment un petit peu (Rires).

Quel est ton meilleur souvenir en tant que gym de haut-niveau ?
Mon meilleur souvenir est les championnat du monde de Tokyo. Je crois que ces 3 semaines passées là-bas étaient les plus belles de toutes. Puis j’ai fêté mes 18 ans, le jour du retour, et pour moi c’est un souvenir gravé. Et bien sûre les JO ! Par l’ampleur de cet événement et tout ce qu’on a pu vivre grâce à ça. Mais la compétition en tant que telle, ce n’est pas ce qui me reste quand je pense à ce moment-là.

Ton pire souvenir ?
Il y a plusieurs stages et compétitions, comme le stage a Pékin en 2010 ou le stage compète à WOGA en 2011. Mais malgré ces moments catastrophiques niveau gymnique, tout ce qu’on a pu vivre à côté reste de supers souvenirs. À chaque fois, lorsque les stages ou compétitions n’étaient pas un bon souvenir, il reste tous les moments à côté qui font de ces expériences de bons souvenirs.

En tant qu’entraîneur, quelle est ta plus grande fierté pour le moment ?
Ma plus grande fierté est le moment où les filles sont sur le podium ou qu’elles finissent une compétition avec le sourire. On voit à ce moment-là qu’elles sont les plus fières.

Aujourd’hui, comment décrirais-tu ta vie ? Qu’est-ce qui te rend épanouie ?
Alors ma vie est celle d’un entraîneur de club, on rentre tard le soir peu de week-end (même si à la Réunion il y a moins de compétitions). Quand les enfants que tu entraînes partent de la salle avec le sourire et qu’elles reviennent la fois d’après, même si l’entraînement d’avant était difficile, c’est ce que je préfère : transmettre ma passion. Et faire tout ça sur une île magnifique où il y a toujours un nouvel endroit à découvrir, et bien c’est le rêve.

Propos recueillis par Charlotte Laroche
Photo de Une Benoît Bonatre 

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