Après une pause salvatrice, Aline Friess peaufine son retour

Aline Friess est l'une des égéries de la marque de justaucorps Quatro. Photo Natali O'lenskie

Elle est l’une des grandes absentes de ces championnats du monde de Kitakyushu. Comme beaucoup d’athlètes qui ont participé aux Jeux Olympiques de Tokyo cet été, elle a préféré faire l’impasse sur cette compétition afin de prendre le temps de souffler et de revenir en forme physiquement et apaisée mentalement suite à sa course contre le sablier du temps qu’elle avait gagné par KO pour être du voyage au Japon. Désormais, elle se projette sur une nouvelle échéance : la revue d’effectifs en décembre prochain. Le point de départ de sa saison et, surtout, de ce nouveau cycle olympique.

Il y a des histoires qui ne s’oublient pas. Souvenez-vous, Aline Friess, 18 ans, se fait opérer du genou en octobre 2020, à quelques mois des Jeux Olympiques de Tokyo. Si beaucoup aurait pu baisser les bras, elle n’a jamais cessé d’y croire. Elle n’avait qu’un objectif en tête : revenir à temps pour être du voyage à Tokyo et réaliser le rêve de tout sportif : entrer dans le cercle très réduit des Olympiens. Alors forcément, pour ne pas passer à côté de son rêve, l’Alsacienne n’a pas chômé et a beaucoup sollicité son corps et son esprit.

Première étape : son opération du genou. Après l’apparition de premières douleurs au niveau de son genou, elle pense d’abord que ce n’est rien de grave. Jusqu’au moment où elle n’arrivait plus à le bouger. “J’ai passé une IRM qui a révélé que j’avais 70% de mon ménisque déchiré” , éclaire-t-elle. Aïe ! À ce moment-là, ça inquiète. Surtout si près des Jeux. Pas d’autre choix que de passer par la case opération. Quant à la suite, il faudra aviser.

Une fois l’opération effectuée, celle qui est entrée au pôle de Saint-Etienne à l’âge de 12 ans prend son mal en patience. “Les 3 premiers mois, je n’ai rien fait sur les jambes. Puis jusqu’au 4eme mois, j’y suis allée très très doucement” , explique-t-elle. Ensuite, l’option diesel était enclenchée. Après des débuts plutôt calmes, tout s’est accéléré. “Après ces 4 premiers mois, j’ai repris très vite. J’étais contente d’ailleurs car je n’avais pas perdu les sensations » , sourit-elle.

Six mois après son opération, elle était remise sur pied, bien décidée à faire partie du voyage à Tokyo. Et sa détermination sans faille l’a menée jusqu’à son objectif. En juin dernier, elle apprend sa sélection pour les Jeux Olympiques. Elle avait réussi ! Elle avait réalisé l’inimaginable. S’en suit alors une longue préparation jusqu’au départ pour le Japon. Puis un mois intense au pays du soleil levant.

Mais tous ces mois, tout ce travail en un temps record pour être prête le jour J laisse des traces. Physiquement et moralement. Alors une fois de retour en France après sa formidable épopée olympique, Aline Friess a pris du temps pour elle. “Au retour de Tokyo, j’ai pris un mois de vacances“, confie-t-elle. “Je pense que c’était important de faire ça car, si je me projette jusqu’à Paris, c’est un des seuls moments où je pouvais prendre autant de vacances car beaucoup de choses vont ensuite s’enchaîner. Et puis je pense que j’en avais besoin parce qu’après ma blessure au genou, je suis revenue assez rapidement et j’ai beaucoup sollicité tous mes membres inférieurs, les pieds, les tibias, etc, donc j’avais mal. J’ai voulu aller vite pour être prête à temps et du coup j’avais un peu mal partout mais je ne regrette pas du tout ! Pour moi c’était le bon choix et là c’était le meilleur choix pour moi de prendre cette pause.”

Des vacances qui lui ont alors permis de profiter de sa famille, de partir au soleil en Italie “heureusement d’ailleurs car sinon je n’aurais quasiment pas vu le soleil en France” , lance-t-elle en riant, mais également de prendre du temps pour elle et de se reposer car “faire les Jeux, c’est dur physiquement mais mentalement aussi donc c’est bien de se relâcher un peu dans la tête.” La tête sur les épaules et les pieds bien sur terre, l’Alsacienne ne fait jamais les choses à la va-vite et prend toujours le temps de poser les choses.

Mais même pendant cette petite pause, elle n’est jamais restée loin d’une salle de gym… Piquée par la passion gym jusqu’au bout des orteils, il est souvent difficile de tout lâcher complètement. “Je n’ai pas rien fait” , concède-t-elle malicieusement. “Je suis allée quelque fois dans mon club (le SR Obernai, NDLR). Je n’ai pas l’habitude d’avoir autant de vacances donc si je ne fais vraiment rien, c’est très dur pour moi” , sourit-elle.

Puis est venu le temps de revenir à Saint-Etienne, son lieu d’adoption depuis qu’elle est entrée en pôle. Toujours hébergée en famille d’accueil, elle a relancé la machine du quotidien. “Je suis rentrée fin août et j’ai enchaîné avec la reprise de l’entraînement. Au début j’ai repris doucement sur les membres inférieurs notamment, le temps d’avoir le feu vert du médecin, et comme tout allait bien et que j’ai eu son feu vert, j’ai pu reprendre complètement” , livre-t-elle. “Enfin, je suis quand même encore en phase de reprise, je ne suis pas prête à faire une compétition” , lance-t-elle. “Mais je prends le temps aussi de travailler des nouveautés et ça c’est vraiment super car on n’a pas forcément le temps d’en travailler le reste du temps ! Et je vais essayer d’en rentrer quelques-unes dans mes complets.

Parmi les nouveautés, elle aimerait entrer de nouveaux gymniques en poutre, un nouveau lâcher aux barres et un nouveau saut au saut. Pour en connaître la teneur exacte, il faudra patienter… Elle garde une part de mystère.

Son retour à Saint-Etienne a également été marqué par sa reprise des cours. Avec un changement au niveau de son cursus universitaire puisqu’alors qu’elle était inscrite en filière STAPS, elle a pris un virage à 180° en intégrant une école de commerce, l’EM Lyon. “J’ai intégré l’école en 2eme année, du fait de ma première année en STAPS, et il me reste encore 3 ans. Je suis tous les cours à distance, j’en aurai juste quelques-uns, mais très peu, en présentiel dans l’année. C’est un cursus réservé aux sportifs de haut-niveau donc c’est vraiment très bien organisé, ça nous permet de poursuivre nos études tout en nous concentrant également pleinement sur nos entraînements” , explique-t-elle. Elle ne pouvait donc trouver mieux. Elle qui est si perfectionniste. Et qui aime faire les choses bien. Sans les bâcler.

Et les championnats du monde dans tout ça ? N’a-t-elle pas été titillée par l’envie de les faire ? “Pour moi, c’était une évidence que si je faisais les Jeux, je ne ferai pas les championnats du monde derrière. Mais c’est vrai qu’à un moment, je me suis quand même un peu posée la question. Car ce n’est pas rien de matcher sur des championnats du monde et puis finalement j’ai réfléchi et j’ai préféré rester sur ma première impression, à savoir de ne pas les faire” , explique l’égérie de la marque de justaucorps Quatro. Un choix qui était donc clair et limpide dans son esprit.

Un retour prévu sur la revue d’effectifs
Son objectif est désormais de revenir sur la revue d’effectifs en décembre. “Ça me permet de tout refaire sans me presser et de prendre le temps de travailler des nouveautés.” Ensuite la saison pourra se dérouler. “En plus, ce qu’il faut savoir, c’est que les prochains championnats d’Europe sont en août ce qui fait que c’est assez tard dans la saison donc ce n’est pas plus mal de commencer l’année un peu plus tard, surtout après la saison intense qu’on vient de connaître.

Par sa reprise un peu tardive, Aline Friess entame donc sa saison l’esprit plus libre. Elle est plus sereine. Moins pressée par le temps. Ce temps derrière lequel elle a couru toute la saison dernière pour être prête pour Tokyo et vivre la première expérience olympique de sa carrière. Une expérience “grandiose” comme elle le dit si bien, dont elle a savouré chaque moment.

Les Jeux de Tokyo derrière elle, Aline se projette désormais sur l’après. Sur cette revue d’effectifs du mois de décembre qui marquera son grand retour. Un comme back attendu par beaucoup et qui permettra de lancer complètement cette nouvelle saison et surtout ce nouveau cycle olympique en vue des Jeux Olympiques de Paris, dans trois ans.

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